Nous traversons le Danube par l’énorme pont reliant Giurgiu à Roussé. Peu propice aux bicyclettes. Les automobilistes patientent gentiment et nous voilà en Bulgarie.
L’abord des grandes villes, toujours aussi agréable, mais ça se passe bien. Nous arrivons devant l’immeuble vide dans lequel nous passerons deux nuits. C’est l’avantage de voyager en hiver dans les lieux plus fréquentés en été, on trouve des logements plus facilement et à bon prix.
Changer de pays, c’est encore perdre ses repères. Mais ce coup-ci, il y a une nouvelle nouveauté : l’alphabet ! Je passe mon temps à tenter de lire tous les mots que je croise. J’aime cet apprentissage, comme celui des nouvelles langues, essayer de déchiffrer, de trouver des repères, d’en attraper au vol et d’essayer de faire du sens avec les quelques indices récoltés. C’est ainsi que je procède pour “discuter” avec les personnes avec lesquelles je ne partage pas de langue commune. La langue bulgare est une langue slave et nous retrouvons des similitudes avec le Slovène, notamment les nombres et les jours de la semaines.
Repérage ferré
Deux nuits, cela permet d’aller repérer le train que nous devons prendre demain. Y a-t-il un emplacement pour les vélos ? Le marche-pied est-il infranchissable ? Devons-nous sauter dans le train lorsqu’il arrive ? D’ailleurs, serons-nous autorisés à prendre le train avec nos vélos ? Les infos lues sur internet sont-elles en phase avec la réalité ? Et combien de marches pour accéder aux quais ?
Oui, prendre le train avec nos vélos, c’est surtout beaucoup de questions et une grande incertitude. Et l’issue de tout cela peut être de devoir ajouter 250 km à vélo. Ce n’est pas totalement nul et nous sommes attendus le 7 janvier à Varna. Mais voilà, tant qu’on n’est pas dans le train, l’incertitude persiste. Cela peut également dépendre de l’humeur des contrôleurs…
Bon, la piste cyclable jusqu’à la gare est très bien. C’est déjà ça. J’arrive devant l’immense gare de Roussé (Русе en bulgare). Entre la Gare de Lyon (à Paris) et le Tribunal de Grande Instance. Impressionnant. De belles marches pour accéder à la gare, pas de rampe. Le hall est majestueux. Il est vide. Nous sommes plus d’une heure avant le départ. Voie 1. Deux belles volées de marches pour accéder au quai, on va bien rigoler avec nos vélos et pas loin de 200kg de bagages.
Le train est déjà à quai. Il part de Roussé et Varna, notre destination, est son terminus. C’est déjà un avantage énorme. Je monte dedans et m’adresse aux contrôleuses qui y patientent tranquillement. Oui, c’est le même train qui part demain, oui c’est possible de mettre des vélos dedans, quatre ? Ah… Oui, ça devrait rentrer, mais ce n’est pas nous demain.
Je suis rassuré, nous aurons le temps de tout charger tranquillement et, même si j’ai omis de parler des bagages, je n’ai pas reçu de réaction de refus catégorique. Je descend acheter les tickets pour demain avec supplément vélo et rentre à l’appartement en étant convaincu que ça va le faire !
La Mer Noire ?
Le train est à 15h55 le lendemain, nous sommes donc carrément tranquilles. Nous plions nos affaires et laissons l’appartement, remontons sur nos vélos, cherchons un restaurant pour le repas du midi. Les enfants n’ont pas oublié que nous n’avons pas fait notre rituel de repas au restaurant pour le changement de pays… Un resto chic avec d’excellents produits sans que les prix soient exorbitants. Nous y passons un moment bien agréable et filons vers la gare.
Au moment de gravir les marches, Valentin, qui parle un peu français, nous dit que nous pouvons passer plus loin et que ça mène au quai mais sans les marches. Allez ! Je ne l’avais pas vu cet accès, il faut dire qu’il est plutôt discret.
Nous voilà devant le train. Quatre vélos pleins de bagages. Les contrôleuses sont là, pas les mêmes qu’hier. Et elles ne rigolent pas. Mais pas du tout. Ça les stresse de voir tout ce bazar et de ne pas pouvoir nous comprendre. Moi, je suis plutôt très décontracté pour une fois, la réaction de la cheffe m’amuse intérieurement. Elle nous gronde à moitié, voire à trois-quarts. Elles font appel à Valentin qui nous sert de traducteur. Il nous aide à monter tous les bagages, nous prenons un compartiment complet. Les vélos sont en deux lots, un à l’avant du train, l’autre à l’arrière. Le train n’a que deux voitures, ça ira.
Tout est dans le train, nous sommes super en avance, la vie est belle.
La Mer Noire !
Il fait bien nuit lorsque nous arrivons à Varna. Pas de marches pour quitter la gare. J’adore quand un plan se déroule sans accroc.
Notre appartement est à deux pas de la mer. Nous laissons donc nos vélos chargés dans la cour arrière du logement et filons vers la plage pour une première rencontre avec cette belle inconnue. Il fait doux.
On ne nous a pas menti, elle vraiment noire, la Mer Noire
nous fait malicieusement remarquer Léon.
