Les apprentissages

Écrit par Estelle le .

Partir c’est aussi poursuivre les apprentissages ailleurs que dans la salle de classe. Et c’est un apprentissage à part entière sur la route pour les enfants comme pour nous.
Sortir des habitudes et des craintes de notre côté. Sortir des habitudes et des repères du leur.

Leur faire confiance. Faire confiance dans le fait que la route, la vie et les rencontres viennent nourrir et enseignent à beaucoup d’endroit en même temps. Développe des capacités parmi celles qui seront précieuses à l’avenir : se dépasser, se permettre de voir que nos émotions contradictoires cohabitent souvent (“c’est trop chouette l’école comme ça” “vive le voyage youhou !” “franchement je regrette d’être parti” “je veux rentrer à la maison j’en ai marre du vent et du froid !”) et les transcender.

C’est un accélérateur, le voyage, pour cela. On est à nu à vélo, sans toutes les peaux mentales, distractions, qui nous voilent souvent notre tourbillon intérieur.
Oui on peut râler comme pas possible le matin ou en avoir physiquement vraiment marre et déboucher, au hasard du chemin emprunté, après une côte difficile, sur un paysage qui nous bouleverse, nous touche ou tout simplement nous surprend.

Les rencontres aussi développent notre perception du monde car elles nous confrontent sans cesse, dans l’intimité, à d’autres vies que la nôtre, d’autres façons d’appréhender le monde et de vivre le lien à l’autre. Il y a, là aussi, de nombreux apprentissages qui se font.

Et puis, évidemment, il y a les apprentissages de base. Math et français qui, s’ils peuvent se faire sous forme ludique à vélo ou sous forme informelle, mu que l’on est par un désir de comprendre ou d’apprendre, demande un grand lâcher prise parental et beaucoup de confiance.

Le monde de Mei et Noé

Pour le moment nous avons choisi des supports qui nous simplifient l’organisation de ce travail. Et c’est aussi un soulagement dans la mise en place; d’autant que la manière dont ils sont fait plait beaucoup aux enfants ! Nous nous sommes tournés vers Le monde de Mei et Noé pour lequel Isa Lise, la créatrice, et toute son équipe, ont créé des supports très riches, variés et adaptés aux difficultés que peuvent rencontrer certains enfants. Ils ont fait un travail remarquablement riche en créant systématiquement un dossier permettant d’exploiter encore plus loin ce qui est vu avec les enfants, en fonction de leur intérêt, ce qui évite des temps de recherche que je n’ai pas du tout aujourd’hui.

Le Monde de Mei et Noé, l’univers des curieux

Culturellement les dossiers thématiques, pour ceux que nous avons utilisé, nous ont également, à nous adultes, fait découvrir des choses que nous ignorions et qui font partie intégrante de la culture des pays, ce que les enfants aiment particulièrement. C’est alors toujours avec beaucoup de plaisir que les enfants viennent voir ce que l’on va faire aujourd’hui lorsque l’on utilise Le monde de Mei et Noé. Beaucoup d’attention a été mise à concevoir des outils faisant appel à toutes les intelligences qui nous composent. Sans en délaisser aucune ni en valoriser une plus qu’une autre. Dans ce démarrage, je me sens soutenue par ces supports.

C’est un excellent compromis entre un apprentissage libre mais suivi qui est pour le moment vraiment rassurant pour nous et permet de garder un cadre pour les enfants.

Pour le reste, concrètement, je crée de petits textes afin de revoir les mots outils et invariables sous forme de lecture puis de dictée pour chacun des enfants et pour cette fin d’année scolaire on consolide les bases en math et français et continuons à apprendre tout tranquillement. Nous nous fixons à terme 1h par jour mais pas de vacances. En fonction du temps ou des aléas du voyage nous savons que certains jours seront off. Si le voyage dure plus longtemps nous savons aussi que la manière de faire évoluera sans doute encore vers autre chose… Tout se met en place, doucement, nous apprenons à lâcher prise. Lâcher pour laisser le temps œuvrer et non la peur nous diriger et créer des tensions bien inutiles qui rendraient alors difficile l’accès au plaisir d’apprendre et de jouer à se nourrir !