La côte d'Azur

Pâtes au caviar

Écrit par Marc, Estelle le .

La journée passée avec Claire et JC nous a fait un bien fou. Tu sais quoi, me dit Estelle (oui, elle me tutoie), on s’est laissés porter.
Eh oui, voilà plus de deux mois que chaque jour, nous organisons, planifions, itinérairisons, cuisinons, gérons… et là, on n’a rien fait que de se laisser porter par nos amis. Eh bien, c’est follement reposant !

Nous quittons donc l’Almanarre en faisant un petit crochet par chez Sylvie et Vincent pour prendre une petite douche dans leur charmant petit studio d’extérieur et c’est reparti. Nous entamons sérieusement la côte d’azur.

Je dis nous entamons sérieusement car plus on avance, plus les choses sont payantes et onéreuses.

Certes, les plages sur la route des vins qui précède Brégançon sont très belles. Mais de là à faire payer 2 ou 3€ pour pouvoir parquer son vélo sur le terrain privé qui précède la plage, nous trouvons ça raide. D’autant qu’on en a 4 des vélos nous ! Nous les laissons donc devant l’entrée du domaine et effectuons les quelques centaines de mètres à pied.

Lorsque nous demandons conseil à la gardienne pour trouver un coin de bivouac, elle nous alerte sur le fait qu’il est strictement interdit de bivouaquer dans le coin, surtout par temps de vent, à cause des incendies. Et que les policiers ne rigolent pas du tout du tout avec ça. Nous comprenons donc que nous allons enchaîner les campings sur cette portion de côte très urbanisée et très sensible aux incendies. On ne joue pas avec le feu.

Nous entamons avec un premier camping très agréable et arboré au Lavandou.

Rayol

L’un des points phare du lendemain, c’est la visite du Domaine du Rayol. Un jardin paysager sur le thème des climats méditerrannéens. Une pure merveille qui nous réjouit tous. Nous nous laissons nous égarer dans les allées qui nous font passer d’un continent à l’autre. Le climat méditerranéen est en effet présent sur tous les continents et les espèces botaniques d’Amérique ou d’Asie subtropicale, de Nouvelle Zélande, d’Afrique du sud ou encore d’Australie s’adaptent très bien ici. Le domaine du Rayol est la propriété du Conservatoire du Littoral qui prend également soin du jardin de mer que sont les posidonies. Une petite expo nous en apprend un peu plus à ce sujet.

La pause biodiv'

La posidonie doit son nom à Poséidon, dieu de la mer dans la mythologie grecque.
Les herbiers de posidonie sont comme des forêts sous-marines. La posidonie n’est en effet pas une algue mais une plante avec de longues feuilles étroites et qui fleurit ! On apprend qu’il y a plus de 70 millions d’années (70 à 100) les pantes terrestres à fleurs se sont invitées dans les océans et ont ainsi permis à tout un écosystème de voir le jour. A l’instar des forêts terrestres, les forêts marines, endémiques de Méditerranée, fabriquent une importante quantité d’oxygène.

1m2 de posidonie dégage jusqu’à 14 litres d’oxygène par jour et il est capable de stocker une très très grande quantité de carbone à l’hectare : dans ses sédiments et sa matte, il séquestre jusqu’à 5 à 8 fois plus qu’une forêt tropicale (source WWF) ! De plus, les laisses de mer qu’elle produit en rejetant ses feuilles mortes qui s’accumulent alors en banquette, est la meilleure protection contre l’érosion des plages. Mais la posidonie, si elle peut vivre jusqu’à plusieurs milliers d’années, pousse très lentement (1 cm par an) ce qui la fragilise grandement. Elle héberge une quantité d’espèces marines en leur fournissant de la nourriture, un lieu de vie (50 espèces recensées y vivent), de reproduction (pour 400 espèces végétales et 1000 animales recensées à ce jour) mais aussi de ponte (on appelle cela une frayère) et de nurseries (en devenant un refuge pour les juvéniles).

C’est également grâce à elles que l’eau est limpide et claire pour notre grand plaisir… Seulement voilà, si les herbiers de posidonies ont survécu aux dinosaures, elles sont dangereusement menacées par l’activité humaine : ce poumon marin a perdu 34 % de sa surface sur tout le littoral Méditerranée et continue de régresser chaque année dangereusement. Les causes sont diverses ; ancrages des bateaux, aménagements côtiers, pollution, pêche de fond…

En France on s’active pour la protéger et trouver des solutions pour enrayer les ravages effectués ces dernières années par l’accroissement des bateaux de plaisance et le manque de connaissance sur les effets d’un ancrage au milieu de ces forêts marines.