Muezzin

Et piste à cailloux

Écrit par Estelle pour le .

Ce matin Léon se dit hésitant quant à rejoindre l’auberge de montagne que nous visons depuis hier afin de nous mettre à l’abri de la pluie, de la neige et du gel qui s’annonce. A la vue du dénivelé il ne se sent plus du tout. Le temps de la réflexion nous allons voir si quelqu’un est là, près des chèvres et autres animaux de la petite ferme, pour nous vendre quelques produits.

Nous entrons et nous voyons un monsieur arriver. On ne se comprend pas très bien mais il nous dit qu’il n’a rien encore ou plus rien. Il essaie de nous dire quelque chose puis nous fait comprendre d’attendre un peu. Lorsqu’il revient, il a dans les mains un peu de fromage et de la viande. Il est allé prendre dans ses réserves pour nous offrir quelque chose. Je lui demande combien je lui dois pour tout ça. Et le signe universel de la main sur le cœur qui s’ouvre vers nous pour nous indiquer que nous ne lui devons rien, c’est un cadeau, apparait. Comment remercier ? Cette joie d’offrir avec tant de générosité est tellement nourrissante.

Lucie motive Léon tandis que je commence a chercher une alternative. Mais finalement Léon se décide. “Allez on peut pas savoir comment ce sera demain alors ok. On y va”.

Chemin faisant

C’est donc 10 km de piste montante qui s’annoncent pour ce démarrage. Normalement ça ne monte pas trop. Oui… mais c’est sans compter l’état très caillouteux voire rocheux du chemin. Après quelques mètres, à l’arrêt, le vélo de Marc tombe.

En le relevant, nous nous apercevons, déconfits, qu’une des vis du follow-me s’est rompue. Lucie va devoir rouler seule toute l’étape. Marc réussit à mettre le gros boudin sur son vélo et je récupère les 2 sacoches. Après 3 bons km les enfants veulent s’arrêter manger. Il y a de la tension dans l’air. Les craintes concernant la suite du chemin planent. Nous déjeunons.

En reprenant la route, il fait très très chaud. Dès que les arbres ne filtrent plus les rayons du soleil, on cuit. C’est long, difficile. Lucie n’en peut plus alors Marc fait des allers retours entre son vélo et celui de Lucie pour la soulager. J’aimerais soulager Léon d’un peu de poids mais avec les sacoches de Lucie en plus je n’ai plus de place.

Maintenant c’est l’eau qui vient à manquer. Nous économisons la dernière gourde buvant gorgée par gorgée. Au prochain village une source devrait nous permettre de refaire le plein.

Nous voyons enfin le bout de la piste et pouvons même remonter sur nos vélos. La route devait être plate. Ca monte. Mais c’est de l’asphalte. Mais ça monte quand même pas mal ! Puis ça descend.

La source tient ses promesses et les derniers km avant d’y accéder sont tellement beaux ! Le paysage est superbe. Les enfants aimeraient s’arrêter là mais cela nous ferait une bien trop grosse étape pour demain. Nous devons continuer un peu encore.

Alors nous roulons ou plutôt nous dévalons maintenant tout ce que nous avons tant peiné à gravir. Une fois en bas nous rejoignons la route que nous aurions dû emprunter au départ. Bien plus plate. Mais une grande route. Malgré la difficulté aucun de nous ne regrette le choix fait. Nous préférons monter et peiner dans les chemins plutôt que de subir la circulation sur ce genre de route.

La fatigue liée aux grandes routes n’est pas du tout la même. En plus des montées malgré tout inévitables, il y a l’enfer des voitures. Bruit. Vitesse. Stress. Que les conducteurs roulent en faisant attention à nous ou non, les grands axes sont stressants. La vie semble filer à toute vitesse et nous agresse. Les enfants disent que cela semble comme un monde de fou. Lucie accuse toujours beaucoup de stress sur ces routes.

Avant l’orage

Nous voudrions rouler encore mais les enfants ont vraiment besoin que l’on s’arrête. Nous bifurquons vers Rajista. Nous prenons de l’eau à la fontaine et trouvons un pré à moutons pret à nous accueillir pour la nuit. Nous sommes dans une partie de la Bulgarie majoritairement musulmane et l’appel du muezzin retentit ce soir. Peu de temps après les gens se retrouvent en plus grand nombre sur la place. Nous sommes en plein ramadan.

De notre côté, nous réussissons à finir de préparer le repas avant que l’orage n’éclate. Nous dînons à l’intérieur de la tente qui nous paraît très spacieuse ce soir ! Demain cet appel à la prière sonnera pour nous celui du départ.

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