Le passage de la frontière prend du temps. Nous sortons de l’Union Européenne ! Nous faisons la queue entre les voitures. Certains automobilistes nous sourient les yeux grand ouverts. D’autres nous laissent passer. Nous voyons le long mur de métal qui sert de frontière. Des pick-ups arpentent les chemins qui le longent. Ça ne rigole pas. Nous sommes pris en photo à l’entrée en Turquie après avoir montré plusieurs fois nos passeports. Une fois qu’ils sont tamponnés, nous faisons la queue pour le contrôle des bagages. Toutes les voitures sont arrêtées et les sacs ou valises ouvertes et vérifiées minutieusement… Avec nous, ça risque de durer un sacré bout de temps et d’être assez pénible. Arrive notre tour, le chef est appelé, nous papotons en anglais, il traduit pour les automobilistes curieux et nous souhaite bon voyage sans ouvrir un de nos sacs. Merci !
Juste après la frontière, nous bifurquons pour fuir à nouveau la grosse route. Un pick-up de l’armée nous dépasse et s’arrête, les jeunes militaires sont très souriants, nous essayons de discuter, mais c’est trop compliqué. Ils appellent un copain qui parle anglais à qui j’essaye d’expliquer que nous préférons les petites routes. Il insiste : “Les militaires vous conseillent de faire demi-tour et de prendre la grande route”. Nous comprenons qu’il est peut-être plus sage d’écouter le conseil des militaires dans ce pays que nous ne connaissons pas.
A la queue leu-leu
Fort heureusement, la route est peu empruntée dans notre sens, les contrôles étant longs. Aussi, nous souffrons peu de la circulation. En face, nous apercevons une file interminable de camions à l’arrêt et à touche-touche. Ils attendent. Chaque camion qui passe en Union Européenne doit être inspecté sous toutes les coutures. La première côte passée, nous sommes impressionnés de voir que la file continue au loin. Nous poursuivons. Une autre côté passée, encore cette file qui continue au loin. Certains camionneurs nous saluent, l’un d’eux nous repère de loin et sort de son camion pour nous offrir de l’eau et des biscuits. D’aucuns papotent en groupe le long de la route. Et ça continue, c’est interminable.
Nous avons parfois l’impression que ça y est, c’est fini, mais en définitive, c’est simplement le camion après le virage qui n’a pas encore démarré et qui a laissé de l’espace devant lui. Après 16km, nous quittons la route principale pour prendre enfin les petites routes et les camions sont encore là. Combien de temps les chauffeurs restent-ils à attendre là ?
Une pêche d’enfer
Léon est galvanisé par le passage de frontière et les attentions des camionneurs, il nous incite à aller jusqu’à Edirne ce soir. Nous avions prévu de le faire en deux étapes. Ces derniers jours ont été difficiles mais il est très convainquant, alors on tente le coup.
La route est très belle et bien vallonnée. La lumière nous régale. Les massifs rocheux qui précèdent l’arrivée sur Edirne sont spectaculaires. Nous ne savons pas où nous allons dormir et l’orage approche. Nous nous dépêchons pour nous mettre à l’abris dans un salon de thé juste avant qu’il n’éclate et que la grêle ne se mette à tomber dru.
Nous tentons de trouver un appartement pour quelques nuits, mais tout est occupé. Alors, une fois l’orage passé, nous tapons à la porte d’un hôtel repéré et nous pouvons dormir à l’abris ce soir. Nous sortons pour manger un morceau, mais tout est déjà fermé. C’est que ce soir, c’est la fin du Ramadan ! Les fidèles ont mangé une fois le soleil couché et ils sont maintenant à la mosquée. Les restaurants étaient pleins lorsque nous cherchions notre hôtel, ils sont maintenant fermé. Mais pas tous, fort heureusement.
Douceurs culinaires
Edirne est une ville touristique, Estelle et les enfants visitent les mosquée, le bazar et la ville pendant que je finis les quelques jours de travail qu’il me reste. J’en profite également pour faire faire quelques réparations sur mon vélos dans un bouiboui à l’écart du centre. Authentique. Nous régalons nos papilles avec la cuisine turque. Nous la connaissons un peu pour l’avoir goûtée en France, mais elle est bien évidemment encore meilleure ici ! Et les loukoums à la pistache…