L’équipe du Limon hostel a une fâcheuse tendance à être fort sympathique. Aussi, avons-nous partagé de très bon moments et quelques temps de repas avec eux et d’autres clients. Quel plaisir de simplement ouvrir sa table au voisin qui est là, quand bien même est-il étranger (en l’occurrence, nous). Nous ne parlons pas la même langue, mais peu importe, les quelques mots connus dans toutes les langues possibles, compris un peu, force gestes et la discussion est lancée…

Toujours est-il que nous voilà partis. Nous empruntons la route de la Grèce qui passe par les (magnifiques) vieux ponts, la route pavée qui nous chevrote puis la route goudronnée qui nous billarde.
Nous arrivons à la frontière. Pas un camion. Presque personne.
Nous arrivons rapidement aux postes de contrôle et quittons la Turquie par cette porte plus étroite et néanmoins plus agréable pour notre moyen de transport.
L’immense drapeau Turc flotte majestueusement au vent. Les paons jouent les gardes derrière les barbelés en appelant “Léon ! Léon !”. Les plantons grecs armés nous saluent tout sourire et treillis, voilà le bleu et blanc du drapeau Grec tout aussi majestueux et le cul de la file de voitures qui nous arrête. Le conducteur devant nous a profité de notre lenteur pour nous dépasser juste avant d’arriver là. Ça agace un poil Léon qui aimerait profiter de son inattention pour reprendre sa place au prochain redémarrage. Qu’importe… Nous patientons.

Lucie s’est mise à écrire depuis deux jours et elle écrit sur son carnet. Graphomane de circonstance, elle profite du moindre instant de pause pour prendre son carnet sur les genoux, sur la sacoche ou à même le sol et elle verdit ses pages, car l’encre est verte.

Nous voilà enfin en vue du poste Grec. Une voie réservée aux vélos est là. Le douanier nous fait passer devant la voiture qui nous avait doublée et même avant la précédente. Léon est vengé sans avoir joué des coudes. Nous l’observons et nous nous en amusons, de ce petit sentiment de victoire, ce sentiment mesquin de revanche qui nous permet de nous réjouir d’avoir “gagné” cinquante secondes sur les 45 minutes d’attente.
En Grèce
Nous sommes de retour en Union Européenne, en zone Euro… Je fais une blague aux enfants sur le nouveau taux de change, il va falloir s’y habituer.
La file de voitures côté Grec est encore plus longue que celle que nous avons suivie dans l’autre sens. Les Turcs qui rentrent chez eux nous saluent en patientant longuement.
Un café, une nouvelle langue, un nouvel alphabet, de nouveaux codes.
Καστανιές (Kastanies) veut dire châtaignes selon mes sources. La pluie est annoncée pour dans pas longtemps, c’est chaud les marrons !
Nous avançons et parcourons quelques kilomètres pour nous éloigner de la frontière près de laquelle il ne fait jamais bon dormir.
Ρίζια (Rizia) nous accueille avec sa rivière paisible. Après une petite crainte face à ce même paysage de monoculture boueuse, nous y trouvons une aire de camping gratuit en bord de rivière avec accès à l’eau et un kiosque pour nous abriter. Gratitude.
Nous allons rester deux nuits pour laisser passer la pluie.
