Vallons mouillés

L'armée à la rescousse

Écrit par Marc pour le .

Nous quittons Ρίζια (Rizia), mais pas sans “boire un café” dans la cahute de nos nouveaux copains. Nous avons mis du temps à plier, laissant le temps au matériel de sécher et ça a laissé le temps à Dimitrios de nous concocter un repas complet. C’est un véritable festin. Les copains arrivent peu à peu et se joignent à nous.

Défi du jour

L’heure du départ a sonné et nous quittons la troupe. Lucie a très envie de rouler seule aujourd’hui et de le faire avec toutes ses sacoches. Son chargement dépasse largement son propre poids…

Nous roulons au milieu de ces champs de monoculture céréalière, pas de haies, pas d’arbre hormis quelques peupliers, de la boue car il a plu.

C’est loin d’être tout plat, et Lucie a parcouru 20 km avec tout son chargement quand nous trouvons un coin pour bivouaquer, une première.

Nous sommes au bout d’un chemin, vers une rivière un peu avant Βάλτος (Valtos). Demain, nous tenterons également d’éviter le axes principaux et couperons à travers campagne, ça monte un peu plus, mais c’est plus court et plus tranquille.

Dans la boue, dans la boue

Au matin, nous grimpons et ça monte fort, mais nous réussissons à atteindre le village de Αμπελάκια (Ampelakia). Ça devrait être plus tranquille ensuite. Nous prenons la route indiquée sur mon application GPS, aïe, c’est un chemin, pas une route.

Maintenant que nous avons tant peiné à monter, nous hésitons à redescendre… Le chemin a l’air en bon état, sans doute retrouverons-nous une route bientôt… Y aller ? Ne pas y aller ?

Athanas arrive, c’est un grand costaud, il parle un peu anglais, où allez vous ? Mais il n’y a rien là-bas ! Qu’allez-vous faire là-bas ? Mi amusé, mi inquiet, il nous explique qu’il n’y a pas de route et qu’avec la pluie, ça risque d’être boueux.

Peu d’interlocuteurs comprennent ce que signifie prendre un chemin avec nos vélos, la plupart du temps, lorsque nous avons décidé d’y aller, ça se passe très bien, c’est juste que les gens n’ont pas l’habitude. Nous décidons d’y aller quand même, c’est un peu vallonné, ça devrait le faire…

Très vite obligés de pousser les vélos à deux pour réussir à les faire avancer, à passer par les champs en jachère, ça colle, mais ça passe, ça devrait être mieux après.

Athanas est là, il est parti à pieds avant nous, nous l’avons dépassé à vélo, il nous a rejoints, puis dépassés, est revenu nous aider à pousser les vélos, c’est un peu compliqué, mais ça ira sans doute mieux après… Le voilà reparti vers le village, pas bien compris ce qu’il m’a dit.

Les enfants qui étaient désespérés de devoir prendre un chemin boueux jouent pieds nus dans une énorme flaque et rient aux éclats. Pendant ce temps, nous faisons évoluer chaque vélo à deux avec Estelle, ça ira sans doute mieux après, ça a l’air plus sec…

Pick me up

Le dernier vélo rejoint les autres. Un gros pick-up arrive, il faut dégager la route. C’est Athanas ! On va mettre tous les vélos dans le coffre et je vous emmène. Nous chargeons, il est vraiment costaud Athanas. C’est un militaire, un ancien commando, il a été un peu partout. Il habite là maintenant avec sa femme et ses enfants et il va bientôt être à la retraite. En attendant, il fait garde frontière, Frontex. Il préférait être commando, mais l’employeur principal du coin, c’est Frontex. Patrouiller la nuit avec des grosses voitures, observer, arrêter des jeunes hommes en mauvais état, sans passeport, parfois violents, épuisés tout le temps, les embarquer menottés…

Je crois qu’il est très heureux de pouvoir aider les voyageurs que nous sommes et quel aide ! Le chemin est dans un état catastrophique, nous y serions encore si nous avions avancé plus sans son aide. D’immenses flaques de boue inévitables, des marres de gadoue, des marigots collants qui n’attendaient que notre passage pour avaler nos vélos ! Mais nous passons, bien à l’abris dans une voiture, les vélos accrochés derrière nous, tranquillou.

Ici aussi, les villages se sont désertés, les jeunes sont partis faute de travail, les vieux sont morts, ce petit village dans lequel, quinze ans auparavant, on dansait, on trouvait des commerces et on vivait tranquillement est désormais désert. Quel déchirement.

Θυρέα (Thyrea), nous voilà arrivés plus tôt que prévu. Le café est fermé, nous ne pouvons même pas offrir un verre à notre sauveur du jour. Nous n’avons que nos mots.

En attente de la tente

Je parcours le village dans tous les sens pour trouver un coin où poser la tente. Il ne suffit pas juste de quelques mètres carrés. Il faut également que nous puissions accéder à un point d’eau sans faire des kilomètres et un coin tranquille pour nos besoins naturels. C’est pourquoi les jardins particuliers ou publics ne sont pas toujours les meilleurs endroits.

Je finis pas demander à un homme assis devant chez lui, il me demande si je parle allemand, décidément… Et blablabli et blablabla et nous voilà installés dans la maison de l’oncle de Menechia. L’oncle est mort. Elle et son maris s’occupent de la maison et des animaux. Sa nièce ne vient quasi jamais. La maison a déjà servi à accueillir un cycliste allemand il y a deux ans. Belle reconversion, pour une maison ! Nous dormons à l’abris, nous avons de l’eau, de l’électricité, des toilettes et même un brioche en cadeau.

Nous allons au café du village, il parait que la patronne parle français. Eh oui, elle a grandi en Belgique et est revenue ici pour se marier, depuis lors elle tient la petite taverne fort sympathique.


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