
Aujourd’hui, il nous faut aller vite. Le mauvais temps est annoncé pour cet après-midi. Et par mauvais temps, j’entends gros orage et chute brutale des températures.
Nous plions donc rapidement et continuons de longer la nationale. Mais aujourd’hui, c’est vent dans le nez. Ça va moins vite et c’est moins plaisant, forcément. Nous arrivons ainsi plus difficilement que prévu au petit monastère que j’avais repéré, espérant poser notre tente à proximité. Et la dernière côte qui y mène érode le peu d’énergie qu’il nous restait. Nous arrivons donc soulagés face au moine qui parle parfaitement anglais… mais qui nous dit qu’on ne peut pas dormir ici ni aux alentours du monastère, qu’eux vont bientôt partir et qu’il nous faut aller au village suivant, à deux kilomètres.
Je le vois bien que c’est plus que deux kilomètres et que ça grimpe encore plus que pour arriver ici. Nous l’avons un peu mauvaise, mais savons maintenant tous que la vie nous réserve en général de bonnes surprises… qui sait.
Charognes
La dernière côte pour Δαδιά (Dadia) ne se fait pas sans peine. On pousse, mais on monte. Soulagés d’être arrivés, nous saluons les habitués du café qui nous regardent avec des yeux ronds et des grand sourires. Poser la tente ? Oui, il faut aller là-bas, au parc, c’est plus loin, ça monte un peu.
Misère ! Cette (demie) journée ne s’arrêtera donc jamais ? Aller, un petit effort, en espérant que cette fois sera la bonne. Nous nous éloignons du centre du village et fournissons l’effort nécessaire pour grimper jusqu’à des bâtiments. Alors que nous sommes en plein effort, nous croisons des naturalistes avec des filets à papillons. Je le dis à mes deux enfants qui sont avec moi et j’entends un “Bon courage !” en français. Oh, une francophone ! Mais je suis dans l’effort et je poursuis tout en remerciant, en français également.
Un complexe hôtelier fermé, un bâtiment public qui semble être la maison d’un parc national. Je scrute rapidement. Il nous faut trouver un point d’eau, une zone où poser la tente et si possible une prise électrique accessible, même temporairement. Nous finissons par rentrer dans le bâtiment public et aucun problème pour poser la tente à côté, pour venir nous mettre au chaud, pour accéder aux points d’eau, aux toilettes, aux prises électriques et même à l’exposition ! Quel accueil.
Je me dépêche de monter la tente et finis peu de temps avant que l’orage de grêle n’éclate. Mais nous sommes au chaud et visitons avec émerveillement le petit musée. Il raconte l’histoire du parc national. La région entière est une zone montagneuse et est le lieu de vie de très nombreuses espèces d’oiseaux et de plantes, notamment de fort rares. Ici, c’est le paradis des vautours, des aigles, des faucons, des milans, des circaètes et autres rapaces en tout genre.
Douche au chaud
Estelle s’est arrêtée, elle, lorsqu’elle a entendu parler français. Et il s’avère que Floriane est volontaire ici. Elle fait une sorte de service civique et partage la maison des volontaires avec Casiopée, une autre française et deux autres volontaires espagnols. Nous sommes les bienvenus pour venir prendre une douche chaude et partager un petit quelque chose.
Invitation acceptée. Nous voilà à parler un mélange d’anglais, d’espagnol, de français et de grec. Café, chocolat chaud, thé, brioches, douche et bonne discussions. Nous sommes bien. Nous apprenons ainsi que nous sommes arrivés par hasard dans un lieu d’exception et découvrons un peu le fonctionnement des équipes qui y travaillent.
Nos enfants sont survoltés et je gage que notre départ laisse un grand silence sans doute fort appréciable dans la maison…

Les températures sont maintenant proches de 0, nous avons perdu plus de 20° en quelques heures. Lorsque nous sortons, nous prenons l’option taverne pour manger le repas du soir.
Réveil lourd
Au réveil, le double toit touche notre tente. C’est mouillé à l’intérieur. Sans être catastrophique, cela m’intrigue. Il me faut un peu de temps pour me réveiller complètement et comprendre que c’est la neige qui pèse sur notre tente.

Nous sommes fatigués, nos corps soufrent de ce changement brutal de météo.
Les précipitations s’arrêtent peu à peu et les températures froides n’empêchent pas les enfants de crapahuter partout, d’aller escalader la montagne pour voir la vue de là-haut, de redescendre, de remonter, de laisser leur manteau parce qu’ils ont trop chaud… Avec Estelle, nous les regardons sidérés. Quelle énergie !

Nous passons ici une deuxième nuit pour entériner l’amélioration de la météo. Mais je me dis qu’il aurait été bien compliqué de passer ces deux nuits du côté du monastère, sans la possibilité de se mettre au chaud ou de se ravitailler, les moines étant partis…