Si nous sommes sur l’île de Λήμνος (Limnos), c’est qu’Isabel nous a écrit un mail en novembre dernier. La publication de Bastien a atterri sur l’écran d’Isabel qui nous a contactés. Si nous passons par Λήμνος, nous sommes les bienvenus. C’est le genre de proposition que l’on ne refuse pas. Même si cela prend plusieurs mois pour se concrétiser.
Je me lève avant le soleil et pars arpenter Μύρινα (Myrina) en solitaire. La ville est déserte à cette heure et c’est très agréable. Les orangers embaument et donnent à ma promenade un air de vacances.
Nous avons rendez-vous avec Isabel sur le vieux port pour un petit-déjeuner. Elle arrive les bras chargés de croissants, c’est la fête ! Pas de faux semblants, pas de chichis, nous savons que nous allons passer un bon séjour sur l’île.
Elle habite plus loin, au centre de l’île et il va nous falloir plusieurs jours pour arriver là-bas. Alors elle nous indique les bons plans pour poser la tente.
Vents et montagnes
Isabel nous laisse aller piqueniquer dans les ruines impressionnantes du château de Μύρινα. Les daims et les chèvres y circulent en liberté. De cet éperon rocheux, nous pouvons voir la ville, les montagnes et la mer. La vue est saisissante. Nous pouvons même discerner le mont Athos au loin, tel une pyramide émergeant des nuages.
Puis nous quittons Μύρινα en début d’après-midi et attaquons l’ascension de notre premier col de montagne îlien. Il n’est pas bien haut, ce col, mais qu’il est raide ! Nous devons pousser les vélos à deux pour parvenir à le passer. Et le vent est d’une très grande puissance. L’île a un petit surnom adéquat : Ανεμόεσσα (Anémoessa, « chevauchée par le vent »).
Nous parvenons, non sans difficultés donc, sur la plage de Εβγάτης (Evgatys). Immense plage où nous sommes protégés du vent froid par les dunes et pouvons poser la tente pour la nuit. Les enfants jouent dans les dunes. Nous sommes seuls.
Le lendemain nous emmène sans histoire mais avec grand plaisir sur la petite plage de Nea Koutali où nous assistons à un lever de lune spectaculaire. Cette bosse orange émergeant dans la nuit nous fait penser avec amusement à notre propre tente. Les paysages sont magnifiques et contrastés. Paysages de montagne, paysages de bord de mer, prés immenses tachetés de fleurs sauvages, moulins à vents, villages minéraux et ramassés, petits troupeaux de moutons ou de chèvres baguenaudant… un régal.
Arrivée chez Isabel
Nous atteignons enfin Ρωμανού (Romanou) où nous plantons notre tente non loin de chez Isabel. Elle y a acheté une vieille maison de village qu’elle rénove avec l’aide de Hassan actuellement. Cette maison est destinée à devenir un lieu d’accueil et de soin pour les femmes en burn-out. Pour l’instant, c’est un immense chantier. Le chantier est lent car elle n’utilise que des matériaux sains et favorise les méthodes traditionnelles qui ne sont plus tellement maîtrisées par les artisans.
Isabel est née au Portugal sous la dictature et a quitté le pays en catimini lorsqu’elle était enfant pour arriver en France où elle a grandi et vécu. Son histoire est sidérante et mériterait un livre.
Toujours est-il qu’elle s’est passionnée et formée à la permaculture et aux soins naturels. Nous avons donc beaucoup de choses à nous raconter. Elle est tombée amoureuse de cette île et la sillonne avec son camion aménagé qui lui permet de dormir dans des coins reculés. Elle en connaît presque les moindres recoins et a un carnet d’adresses du tonnerre. Elle va nous faire profiter de ses connaissances et nous transmettre son amour de l’île et de ses habitants…