Bloqués sur Lesvos

Tourisme et migration

Écrit par Marc pour le .

La traversée dure 4h30. Le ferry nous fait passer dans le couloir de mer entre la terre Turque et l’île Grecque. Les deux terres semblent si proches.

L’idée est, pourquoi pas, d’accoster à Μυτιλήνη (Mytilène) et d’en partir une heure plus tard pour la Turquie. Mais voilà, nous avons du retard. Alors, lorsque nous accostons, nous hésitons et décidons de rester une nuit ici plutôt que de courir pour attraper le bateau.

Nous voilà donc à la recherche d’un logement pour la nuit. Oui, impossible de bivouaquer de ce côté de l’île nous a dit un ami d’Isabel. La police nous ferait lever le camp avec contredanse en prime. Bof.

Ah mais c’est que nous n’avions pas prévu de rester ici, nous n’avions pas regardé les prix… c’est tout à fait hors budget tout ça. Alors nous faisons ce que nous détestons faire, éplucher nos smartphones en disant aux enfants de se taire et d’arrêter de se chamailler, mais vous zavez pas bientôt fini oui ? En même temps je vais au guichet pour acheter les tickets pour la traversée vers la Turquie. Ah non, pas de bateau demain lundi, il faut attendre mercredi.

Après le calme de Λήμνος (Limnos), Λέσβος (Lesbos) nous semble grouiller de monde et le tourisme prétentieux y côtoie la misère de la mendicité provenant de l’énorme camp de migrants tout proche. De quel côté de la frontière es-tu né pour te prétendre l’un ou l’autre ?

XIXe siècle

Nous posons nos vélos dans la très jolie courette d’une belle maison bourgeoise transformée en hôtel. Le style et le mobilier nous ramènent dans le beaujolais où l’on trouve des maison similaires. Mais ici, les orangers se substituent aux tilleuls.

Le propriétaire des lieux nous assure que l’île est bien moins touristique que d’autres, plus courues encore. La raison est que l’économie de l’île tourne autour de l’olivier. Il nous incite à aller visiter le village d’Αγιάσος (Agiasos). Son grand-père est né dans l’actuelle Turquie et a dû partir, comme ses congénères, après la guerre Gréco-Turque (1919-1922). Les Grecs qui ont fui ont emporté avec eux leurs icônes, trésor des églises orthodoxes. Le gouvernement Grec a financé la construction de très belles églises, et l’île en est truffée, nous dit notre interlocuteur.

Village perché

Pour aller visiter Αγιάσος, nous prenons le bus qui serpentent dans les routes montagneuses. Idéal pour les enfants, sujets au mal des transports ! Les oliviers sont en effet partout. Les coteaux sont constellés de petites terrasse en pierres offrant un écrin pour chaque arbre. Nous aimerions pouvoir apprécier cela tranquillement sur nos vélos mais ne sommes pas fâchés d’éviter les dénivelés.

Nous déambulons dans le belles ruelles d’Αγιάσος. Toutes emmêlées, entrecroisées, une véritable guirlande de Noël tout juste sortie du carton où elle a été stockée l’an dernier. Le temps est assez frais et nous ne nous prélassons pas sous l’immense platane de la place de l’église, mais c’est à regret. Nous finissons plutôt par nous confiner dans un délicieux café décoré de broderies qui nous rappellent Jana et Lojze qui nous avaient hébergés en Slovénie.

Le musée d’art byzantin est malheureusement fermé, mais nous nous régalons de la magnifique petite église cachée en bas du village qui renferme une source et des fresques superbes.

Ville âge

Μυτιλήνη est un port. S’y côtoient de plus ou moins grands ferrys, des bateaux de pêche, les bateaux flambant neufs des gardes côtes et des bateaux militaires. Ça en fait du monde. Malgré notre première impression et la contrariété passée, nous avons de bons moments à Μυτιλήνη. Derrière le port, la ville est en pente et des centaines de petites ruelles s’emmêlent. Des cafés ou restaurant y posent leur terrasses ombragées par des plantes grimpantes. Avoir une voiture ici nécessite des dons particuliers de patience, de dextérité, d’audace à faire pâlir un parisien… Beaucoup de scooters circulent et nos vélos font impression lorsque nous les reprenons.