Pamukkale en mire

Hospitalité et eau chaude

Écrit par Marc pour le .

Nous partons de Nazilli en zigzagant autour de la route nationale. La pause est la bienvenue lorsque nous arrivons à Kuyucak. Tambours et trompettes, un défilé de jeunes gens, mené par des enseignants sans doute, déambule dans la rue. C’est la semaine de la jeunesse et des sports qui se termine par un jour férié célébrant le début de la guerre d’indépendance en Turquie.

Nous posons nos vélos, en recherche d’un salon de thé. Un agent de sécurité sort d’une banque. Arme à la ceinture, Necati a les yeux écarquillés et me demande qui nous sommes, d’où nous venons avec un visage émerveillé. Nous voulons boire un thé et faire quelques courses. Non, avant, nous devez manger quelque chose, je veux vous offrir à manger ! Les enfants sautent de joie et nous voilà dans la cantine toute proche à manger un morceau offert par un homme en arme qui nous attend dans la banque à côté pour nous offrir le thé. Necati et sa collègue Sevgi nous accueillent dans la banque, nous offrent le café, parlent avec nous. Necati nous montre les photos de sa famille, de son exploitation d’agrumes, d’olives, de figues. Comme beaucoup de Turcs, il a un emploi en plus de son activité principale.

Sevgi nous emmène ensuite au marché. Elle est ravie de pouvoir nous aider. Nous nous sentons tellement chanceux et honorés de pouvoir les rencontrer et partager du temps ensemble.

Oliviers

Nous les laissons tout de même travailler et reprenons la route, enrichis de cette rencontre. Nous retrouvons les chemins en terre, mais roulons bien. Il fait déjà chaud. Une petite moto nous dépasse, nous pensons comprendre que le chemin que nous empruntons est fermé plus loin. Allons voir ça.

En effet, le chemin est barré et impossible de continuer, l’obstacle est trop grand et le chemin éventré. Mais le petit café en contrebas est accessible par quelques marches et nous pourrions passer. Les clients et le propriétaire se lèvent sans poser de question et nous aident à porter vélos et bagages. Une occasion rêvée pour boire un çai, bien sûr.

L’heure de poser la tente arrive. Nous sommes sur un chemin entre oliviers, route nationale et champs. Nous croisons des agriculteurs et leur demandons où nous pourrions poser la tente. Direction un champ d’oliviers un peu plus loin. Puis un autre homme arrive, discute avec eux et m’emmène 50m plus loin. Une maisonnette, une terrasse, l’eau, l’électricité. L’homme connait le propriétaire qui arrive et nous ouvre la porte de sa maison d’été. Nous pouvons prendre une douche, aller au toilettes, boire un café, etc. Quel accueil !

Énergie verte

Le lendemain se fait beaucoup dans les petits chemins poussiéreux. Nous serpentons ensuite entre les champs de panneaux solaires et les centrales géothermiques qui captent les sources chaudes pour produire de l’électricité. Plus tellement de place pour le vivant. Cela me rappelle que l’énergie verte est souvent une histoire de couleur de peinture et que si nous voulons réellement moins d’impact, il faut surtout moins consommer.

Mais les sources d’eau chaude ne servent pas qu’à produire de l’électricité. Nous passons devant des piscines et des toboggans, les enfants expriment avec beaucoup de retenue leur envie de se baigner. Vu le complexe thermal, nous ne nous laissons que peu de chances de nous baigner à un tarif compatible avec notre budget, mais sait-on jamais… D’autant que les toboggans ne sont pas en fonctionnement. Quelques discussions plus tard, c’est gratuit pour les enfants, les toboggans sont en route et nous sommes tous dans l’eau. Bain d’eau chaude, bain de boue, sauna, piscines en tout genre, nous profitons pleinement de ce moment de détente de luxe.

Pré vert

La soirée nous emmène un peu plus loin et nous trouvons un pré fauché où poser notre tente à l’écart du village et des routes. Nous voulons dormir tranquilles. Des hommes s’arrêtent et nous saluent. Ils nous invitent à manger au village, mais nous avons déjà manger et nous voulons nous coucher. Un des homme appelle une amie qui vit en France et qui fait la traduction. Nous finissons par nous coucher.

Une voiture arrive plus tard, une fois la nuit tombée. C’est le propriétaire du pré. Je prépare quelques explications et tente de m’excuser de ne pas avoir demandé, mais ce n’est absolument pas un sujet. Lui et sa femme sont venus chercher un peu de foin et craignent juste que nous soyons dérangés par les insectes et les bêtes sauvages. Je les rassure et retourne me coucher.

Nous dormons tous. Je suis réveillé par des appels. De la lumière. Je sors. Trois hommes sont là. L’un d’eux appelle un ami francophone qui me dit que son ami s’inquiète pour nous, il nous offre à manger, il voudrait que nous soyons chez lui. Je le rassure également, nous sommes habitués à dormir dehors et nous aimons ça ! Mais quelle gentillesse, quelle attention à nous.

Nous pouvons en tout cas bien dormir, sans être dévorés par les bêtes sauvages ni piqués par les serpents qui rodent, paraît-il, par ici. Seuls les moustiques ont pu se régaler à mes dépends durant les discussions que j’ai menées avec mes copains du moment.

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