Ce matin, nos amis nous ramènent à l’appartement de Dora, le fils de Semra. Nous y récupérons nos vélos et rejoignons la gare routière. Nous voulons être très en avance car nous savons que cela peut être très compliqué. De fait, la route prévue ne se passe pas sans surprises. Mais nous arrivons à bon port.
Nous devons défaire tous nos bagages pour les passer au crible de la machine qui voit dans les bagages. Cela prend un certain temps et n’est pas tout à fait simple. Nos béquilles n’accrochant pas sur le sol totalement lisse de la gare, nos vélos manquent de tomber à chaque instant.
Nous avons acheté nos billets la veille, pas besoin de passer par la caisse. Pourtant, lorsque nous arrivons sur le quai, le représentant de la compagnie nous dit que nous ne pouvons pas monter dans le bus.
Aïe.
Le bus ne peut embarquer qu’un seul vélo à la fois, c’est la règle. Nous en avons 4, plus une remorque.
Nous avons été clairs lorsque nous avons acheté les billets et nous trouvons pris au dépourvu. La situation semble inextricable. Une femme anglophone vient gentiment à la rescousse, puis un employé qui essaie d’arranger les choses.
Hormis nos deux aides, tous les interlocuteurs semblent agacés, nous sommes bien loin du précédent voyage. Les employés emboitent nos vélos sans ménagement, je dois lever un peu la voix : Oh, c’est notre maison que tu as dans les mains, mollo !
. Un petit sourire gêné et un peu plus d’égard, même sans comprendre les mots, la parole était compréhensible.
Le changement de règle ne se fait pas sans faux frais, en liquide, bien sûr. Et nous apprendrons plus tard que nous devons la place miraculeuse dans les soutes à un voyageur qui a été mis à la porte pour que nous puissions rentrer. Un volontaire ?
Anatolie
Le voyage a, de facto, un goût amer. Il est long. Mais les paysages traversés sont magnifiques. Une fois les hautes montagnes passées, je me vois regretter de ne pas être à vélo… La Turquie est un très grand pays et à chaque coup de pédale, il y a quelque chose qui mérite qu’on s’arrête. Or, notre passeport ne nous permet de rester que trois mois sur le territoire. Alors il faut choisir.
Nous arrivons bien tard à Konya et pas du tout là où je pensais que nous arriverions. Nos vélos sont sortis sans ménagement aucun, je suis là pour limiter les dégâts et nous nous en sortons sans trop d’égratignure.
Konya by night
Nous sommes trop loin de chez la personne contactée par warmshowers pour aller poser la tente dans son jardin, il fait déjà nuit, nous devons trouver où dormir.
Un grand jardin public tranquille, un peu à l’écart de la circulation. Je tente de trouver le commissariat pour demander l’autorisation, mais un terrain vague se trouve à l’endroit où je le pensais situé. Nous montons la tente avec l’intention de décamper à la fraîche.
Et c’est bien ce que nous demandent les policiers qui nous réveillent un peu plus tard. Nous pouvons dormir enfin, ouf !
Ceintures et bretelles
Réveil avant 6h, partis un peu après, nous arpentons le quartier avec nos vélos à la recherche d’un salon de thé ouvert. Il fait bon se promener dans la ville paisible à cette heure. Après une petite hésitation, nous décidons d’aller visiter le musée de Mevlana en plein centre ville. Nous hésitons car nous en sommes loin et que nous n’avons pas de solution pour dormir cette nuit. Konya ne semble pas adaptée aux tentes.
Alors nous voilà à suivre les axes principaux par les larges pistes cyclables qui les jouxtent. Les pistes sont belles, mais le trajet demeure très dangereux dès qu’il faut traverser. Les automobilistes n’ont aucun égard pour les piétons ou les cyclistes. Estelle assiste à un accrochage, sans gravité, heureusement. Le conducteur n’a pas pris la peine de ralentir et s’excuse à peine en riant alors que derrière lui, les voitures klaxonnent. J’ADORE LA BAGNOLE et je ne suis pas le seul. Nous sommes tous soulagés lorsque nous arrivons dans le centre-ville.
Derviche
Vélos posés, nous pouvons enfin accéder au musée de Mevlana ou Rûmî. Le lieu est magnifique et les objets que l’on peut y voir sont absolument sublimes. L’œuvre de ce poète et mystique du XIIIè siècle est d’une très grande profondeur et d’une immense richesse. Nous en connaissions quelques bribes et la visite de ce lieu confirme l’intérêt que nous lui portons. Nous aimerions tant assister à une cérémonie des fameux derviches tourneurs dont il est à l’origine, mais cela ne sera pas pour cette fois.