Toujours pas de possibilité pour dormir à Konya, nous devons quitter l’immense ville après le repas de midi. Nous voilà à rouler dans la ville, le long des axes traversant la zone industrielle et commerciale qui mène à l’aéroport. Le décor n’est pas tout à fait agréable, mais nous avançons bien. Nous sommes épuisés par les bruits des moteurs et les klaxons des voitures.
Ah oui, amis automobilistes, si vous souhaitez faire plaisir aux cyclistes qui évoluent sur une route passante, laissez de l’espace entre les cyclistes et votre voiture, ralentissez, faites un coucou avec la main, mais de grâce, arrêtez de klaxonner. Rouler parmi les voitures est déjà suffisamment pénible, le klaxon est de trop. Vraiment.
Nous finissons cependant par sortir de cette gigantesque zone industrielle pour arriver en rase campagne. Nous demandons à Mehmet si nous pouvons planter la tente là et nous voilà devant une table avec un repas exquis. Yurdagül, son épouse, et leurs enfants Hasan et Merve sont là également pour écouter notre récit.
Nous parlons agriculture. Ici comme ailleurs, l’agriculture extensive destructrice des sols semble la seule possible pour gagner un peu sa vie, et encore. Les bons produits locaux sont exportés et le blé vient d’Ukraine. Mehmet le regrette et ne sait pas comment faire autrement.

Han
À deux kilomètres se dresse Zazadin Han. Une auberge bâtie au XIIIè siècle. Elle est fermée, mais nous ne regrettons pas le petit détour conseillé par Mehmet. C’est beau.

Nous avançons lentement dans les chemins de terre entre les champs irrigués. Nous suivons le canal d’irrigation et ses panneaux interdisant la baignade. Nous n’aurions pas tenté l’aventure, même sans ce panneau. Le paysage est grignoté par les carrières de pierres. Elles me font voir différemment le travertin turc que nous avons mis dans notre jolie maison française. Une voiture s’arrête. Erdoğan nous invite à boire le thé et le café, c’est sur une route parallèle à la nôtre, nous le suivons.
Dans les pommes
Erdoğan gère un verger de pommiers bio. Il gère également plusieurs centaines de ruches. Cette année, le gel est arrivé au moment de la floraison des pommiers, le rendement sera quasi nul. Le verger se trouve à proximité directe d’une carrière.
Nous nous interrogeons sur l’effet que peut avoir la poussière sur les arbres. Il nous dit que cela crée un voile qui empêche les arbres de brûler en été. Si la carrière n’était pas là, il devrait installer des voilages supplémentaires. Le verger appartient à la même entreprise que les carrières qui construit également des routes partout dans le pays.
Notre café se convertit petit à petit en repas, puis, chose incroyable pour nous, les enfants font la sieste. Pour nombreux d’entre nos lecteurs, cela peut paraître trivial, pour nous, c’est une première. Léon n’a quasiment jamais fait la sieste. Lorsqu’il avait deux ans, il a dormi une demie-heure le matin pendant quinze jours. Quant à Lucie, elle a arrêté de faire des siestes bien avant de démarrer l’école. Autant dire que les deux ensemble, c’est inouï !
Dans les monts
Nous reprenons notre itinéraire et nous glissons au pied des superbes collines qui vont accueillir notre tente cette nuit. Nos lourds vélos évoluent dans cette côte, le paysage est magnifique, les monts recouverts d’herbe rase et peuplés de sousliks, sorte de petites marmottes ou écureuils terrestres qui se dressent sur leur pattes arrières comme des sentinelles et sifflent pour annoncer le danger. La lumière du soir recouvre tout cela d’un voile de plénitude. Nous posons la tente tout à côté une microscopique mosquée et d’une source qui goutte à goutte. Les éoliennes qui nous dominent bercent notre nuit très reposante.