Autour d'Aksaray

Campagne d'hospitalité

Écrit par Marc pour le .

Selon le panneau décrivant le square octogonal Seldjoukide trônant face au caravansérail d’Obruk, la gratitude est l’une des huit portes du paradis dans le monde islamique. Nous en ressentons une fois de plus en quittant nos hôtes qui nous laissent partir en versant de l’eau derrière nous : Va comme l’eau, reviens comme l’eau !

Nous roulons en rase campagne jusqu’à Büğet où nous sommes accueillis par Mustafa qui nous fait faire le tour du petit village pour nous montrer les vestiges archéologiques. Il nous explique que des chrétiens vivaient ici, notamment dans des grottes un peu plus loin. La très belle mosquée en pierre réutilise des pierres qui témoignent de cette présence chrétienne. Un grand tumulus au centre du village recouvre des ruines très anciennes. Les fouilles n’ont pas encore été réalisées de manière sérieuses, alors on préfère laisser tout ce trésor sous terre.

Nous sommes invités à partager le thé. De nombreux villageois sont là. Nous sommes l’attraction de la journée. Arrive Çapan. Ayant travaillé à Londres, il parle anglais. Nous cherchons un endroit où dormir, ce sera chez lui. Sa femme et lui nous offrent un excellent repas et des lits pour dormir. Tous deux vivent avec une nièce dont les parents habitent à Istanbul, elle a l’âge de Léon et les enfants jouent bien ensemble.

Caravansérail encore

En quittant Çapan et sa famille, nous prenons la direction de Sultanhanı. Nous pouvons y admirer un autre Caravansérail magnifique. Il est ouvert au public et a été restauré comme musée et lieu d’exposition. Quelle finesse dans la simplicité apparente de l’architecture. Ces caravansérails, c’est le quatrième que nous croisons en quelques jours, étaient des étapes pour les commerçants voyageant le long de la route de la soie. D’où qu’il vienne, qui il soit, un voyageur était accueilli et pouvait dormir et être nourri gratuitement durant trois nuits.

Nous y rencontrons quatre cyclo-voyageurs français et un canadien qui roulent ensemble depuis quelques jours. La rencontre est très agréable, mais elle sera de courte durée car nous n’avons pas le même rythme. Nos amis éphémères seront bien loin ce soir, nous le serons moins.

Nous roulons au milieu des grands champs de monoculture irrigués. Il fait chaud, le sol est sec, l’eau est puisée très profondément grâce à des pompes alimentées par des panneaux solaires. Dès que je le peux, je demande. Le record à ce jour est 200m de profondeur.

Nous voyons arriver un orage, les nuages noirs et la zébrure des averses au loin s’approchent et nous allons le rencontrer bientôt. Un verger le long de la route, nous y posons la tente. Je rentre le dernier dans la tente juste au moment où la pluie arrive. Timing parfait.

Au pied des monts

Le lendemain matin, Çapan nous rapporte des affaires oubliées jusqu’à notre tente. Une journée de vélo ne sont que quelques minutes de voiture pour lui, mais cela ne retire rien à la générosité de son acte.

Nous continuons de naviguer sur cette campagne houleuse. Au sommet d’une de ces vagues, nous sommes interceptés par un jeune homme sur son scooter. Nous devons absolument venir boire le thé dans la cahute que nous voyons là. Nous le suivons, c’est l’heure de la pause. Du çai, quelques tomates, poivrons et piments, des olives, du fromage. C’est casse-croûte ! Nous passons un bon moment.

L’orage qui arrive quelques temps plus tard nous atteint alors que nous sommes abrités sous le auvent de la mosquée de Bağlı. C’est là que Rifat vient nous chercher. Il nous invite au çai dans sa ferme, juste en face. Nous sommes bien fatigués et devons penser à trouver un endroit pour poser la tente. Pas question pour Rifat, nous dormirons chez lui. Toute la famille passe tour à tour pour boire le thé ou encore manger un morceau, les enfants arrivent également, ce qui ajoute une certaine agitation. Mais grâce aux diverses discussions, nous avons notre itinéraire pour le lendemain qui n’est pas celui initialement prévu. Demain, ça va grimper fort ! Bonne nuit.

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