Nous ne partirons pas de Göreme sans avoir visité, grâce aux bus qui y mènent, la cité souterraine de Kaymakli. La Cappadoce en compte, parait-il, plus de cent. Celle-ci est impressionnante et l’on peut aller explorer de nombreux tunnels qui sont en dehors de l’itinéraire balisé. Les enfants s’éclatent !
La route ? Quelle route ?
Nous nous dirigeons vers Kayseri. Nous y avons pris rendez-vous avec une ostéopathe pour toute la famille. Seule Lucie n’en a pas besoin, apparemment. Nous traçons un itinéraire et laissons Göreme, la route descend tranquillement dans un paysage absolument fascinant. Göreme n’est pas touristique pour rien…
Un premier bivouac au milieu de nulle part et la route est plus bosselée, voire carrément acérée. Mais nous tenons bon ! Après la pause midi, on nous fait comprendre que la route que nous envisagions de prendre n’est pas utilisable par les vélos, pas de bas-côté, des camions à gogo, il faut changer d’itinéraire si nous souhaitons rester en vie. On va faire ça, alors.
Ça vallonne mais ce que c’est beau. On dirait que la colline a un opercule
. Nous arrivons en haut d’une bonne côte et sommes interpelés par Selahattin et sa famille. Sa ferme est là, il nous offre du fromage, de l’eau, des œufs, un sucuk puis nous invite à le suivre vers sa maison qui est dans le village plus bas. Nous y assistons à la traite de la vache et sommes invités à y dormir pour la nuit. Eux vont dormir à la ferme. Ils nous laissent la maison.
La ville au saucissons
Le lendemain débute par une longue côte mais la suite est bien plus facile. Nous rejoignons la nationale avec bas-côté qui nous mène aux abords de Kayseri. Nous visons un parc qui pourrait peut-être convenir pour notre tente.
Le parc en question est en fait un vaste espace de fabrication et de vente de sucuk (se prononce soudjouk), la spécialité de la ville. Plusieurs échoppes, restaurants et ateliers vantent les mérites des différentes recettes. Les gendarmes sont juste en face, il y a des arbres, ce n’est pas si bruyant que ça malgré l’emplacement et des bus nous permettent d’aller à la ville. Après avoir demandé si nous pouvions rester là une ou deux nuits, nous plantons notre tente dans ce que nous appelons le parc du saucisson.
Nous voyons au loin le mont

En ville
Bus, tram, nous pouvons rejoindre le centre ville, notamment grâce à Celal qui nous accompagne et nous offre une carte de transports locaux… Il habite en Allemagne où il a longuement travaillé, mais n’a plus besoin d’y travailler et préfère vivre ici et s’occuper de ses parents âgés. La vie est plus agréable. Ses enfants sont grands et indépendants, et ils vivent en Allemagne également.
Repas en ville, grande promenade dans le bazar, rencontre de Enver, marchand de tapis francophone peu zélé qui, au lieu de nous vendre ses tapis, m’accompagne au magasin de vélos. Il a appris le Français à l’école et prend un plaisir visible à le pratiquer avec nous.
Aux abords du bazar, chaque pas est ponctué d’un magasin de sucuk. Nous résistons sans problème à la tentation d’en acheter un. Bayram étant la fête du sacrifice, les villes que nous avons traversées sont remplies d’étals extérieurs où sont dressés des hachoirs électriques. Chacun peut apporter sa viande et faire son sucuk pour quelques lires turques. Rien de tel qu’un sucuk fait maison…
Puis c’est déjà l’heure d’aller chez l’ostéo. Tournée générale !
Gare aux bus
Le lendemain matin, je vais à la gare à vélo, seul. Objectif : trouver des billets de bus pour rejoindre la mer Noire. L’itinéraire initialement prévu n’est pas jouable pour nous, les horaires de bus sont impossibles pour une famille avec deux enfants et tout notre matériel. Alors, nous visons directement Rize. Départ ce soir pour arriver demain matin. Cette fois, je prends bien les billets sur place et non dans un bureau en ville. J’insiste lourdement sur notre chargement, photos à l’appui, insiste pour que le chauffeur soit prévenu.
Bien sûr lorsque le bus arrive, nous ne pouvons pas monter dedans, notre chargement est trop important. Il est plus de 21h30, la nuit est tombée, les enfants sont épuisés, les chauffeurs veulent nous faire payer un supplément exorbitant pour accepter nos vélos.
Grâce à un passager anglophone j’explique que je ne vais rien payer du tout, mais que le gars qui m’a vendu les billets va s’en occuper ou qu’il va me payer une chambre d’hôtel là maintenant tout de suite car je suis avec des enfants et que je ne peux pas planter la tente sur le parking de la gare routière. Sinon, on pourrait aussi enlever une partie des 3 tonnes de sacs de maïs qui prennent toute la soute pour mettre nos vélos comme convenu, bref, on papote tranquillement (en vrai, je suis un poil colère).
Je ne sais pas comment, mais nous parvenons à mettre les vélos dans la soute. Honnêtement, je ne pensais pas que c’était possible vue la place qu’il restait. Puis nous partons sans payer de supplément, non mais.
Je dors peu, à chaque arrêt, je descend pour aider à déplacer notre matériel et vérifier que tout va bien.
Nous arrivons sur la côte, Samsun, Trabzon, puis Rize. Les reliefs sont absolument impressionnants. D’immenses montagnes abruptes et vertes s’effondrent dans la mer, laissant peu de place à la route côtière qui est pointillée de tunnels. C’est cette route que nous devrons prendre à vélo et cela ne nous ravit pas vraiment. Mais quel paysage !
À la gare routière de Rize, nous faisons connaissance de Yaşar qui nous offre le thé et nous invite à lui rendre visite lors de notre passage à Istanbul.