Cappadoce

Plateau pas plat

Écrit par Marc pour le .

Nous partons au matin, mais pas avant d’avoir pris un solide petit-déjeuner turc. Quelques kilomètres d’échauffement et nous voilà au pied du mur. La côte qui nous fait monter sur un plateau propose des dénivelés entre 8 et 23%. Il nous faut pousser nos vélos à deux. Nous poussons, patiemment. Même à deux, nous fatiguons vite et faisons de nombreuses pauses. Puis il faut redescendre chercher le deuxième vélo. Léon est allé plus haut que nous tout seul, mais l’aide de sa sœur est la bienvenue également.

Certes l’épreuve est rude, mais la récompense est immédiate. Quelle vue. Le paysage change tout doucement, le point de vue varie petit à petit, nous pouvons déguster tout cela à nouveau en allant chercher le deuxième vélo. Quelques nuages dans le ciel évitent que nous ayons trop chaud. Nous sommes pleinement présents dans ce paysage fascinant, ce causse qui se dessine, nous entendons au loin les cloches des troupeaux de moutons, apercevons quelques cavités creusées dans la roche.

Le sommet arrive, avec lui, la pause repas. La difficulté de la journée est derrière nous, et nous mangeons juste devant des habitats troglodytes et une magnifique église en ruines. Nous sommes tous émerveillés.

Une fois le repas englouti, nous allons explorer les tunnels et caves, grimper sur les pierres, nous faufiler dans les embrasures taillées dans la roche, les enfants sont excités et crient de joie.

Descente douce

La route puis le chemin qui nous mènent à Selime nous permettent de déguster encore ce paysage extraordinaire qui nous accueille en Cappadoce. La Cappadoce. Voilà des mois que nous en entendons parler, que nous en parlons entre nous. Nous y sommes et quelle merveille pour nos sens. D’immenses espaces, des habitats troglodytes partout où se portent nos yeux, creusés dans les falaises et les canyons, en hauteur, au pied des montagnes. Qui a habité là ? Qui a creusé tout cela ? Combien de générations ? Sont-elles encore utilisées, ces habitations ?

Nous arrivons petit à petit à Selime. Là se dressent les premières cheminées de fées à l’orée du village, puis des centaines de ces phénomènes géologiques qui se montrent à nous sur les versants des vallées. C’est époustouflant.

Rendez-vous à Tatooine

Voilà pas loin d’une semaine que Léon a retrouvé tout à coup son goût pour l’univers de Star Wars. Nous avions regardé la première trilogie ensemble et il s’était pris de passion pour cette histoire et ces personnages. Pourquoi cette étincelle s’est-elle rallumée en lui après tant de temps sans qu’il ne l’évoque ? C’est un mystère. Toujours est-il que nous sommes ici face à un paysage qui a inspiré certains décors de l’épopée des chevaliers jedi. Il s’est même tourné quelques scènes ici. Alors, nous sommes bien amusés d’aller boire un thé au café Star Wars.

Nous rencontrons sur la place une famille de cyclo-voyageurs allemande discutant avec un voyageur Turc faisant le tour de la Turquie à vélo. Bientôt rejoints par les deux cyclistes néo-zélandais que nous avions croisés à Selçuk.

Camping apéro

Nous trouvons une place tranquille et idéale pour poser la tente le long de la rivière. C’est là que nous rejoignent Laurent, Typhaine, Anouk et Louisa qui arrivent dans Gaston (leur camping-car). Ils finissent leur tournée de Cappadoce et les enfants sautent de joie de se retrouver une fois de plus.

Le lendemain, c’est visite de quelques points d’intérêt que nous a indiqués Jen. Elle et Sven ont passé plusieurs mois en Cappadoce et ont exploré énormément d’endroits. Elle nous a indiqué plein de “bon plans”, des endroits peu touristiques, mais dignes d’intérêt et parfois plus impressionnants encore que les sites les plus connus.

C’est ainsi que nous allons à l’assaut d’une gigantesque construction troglodyte avec des couloirs que les enfants se font une joie d’explorer. Léon en tête, Lucie et Anouk à ses talons, Louisa qui suit d’un peu plus loin et les parents qui essaient de suivre en rappelant à chaque pas les consignes de sécurité… Nous ressortons de là émerveillés, même nos amis qui viennent de passer une grosse semaine dans le coin, nous confirment que les tuyaux de Jen ne sont pas percés.

Nous avions de toute manière déjà pu tester la qualité des indications de Jen en nous baignant dans la source thermale bien cachée dans un tout petit canyon peu avenant. Baignade excellente !

Gros volcan

Le lendemain, nos amis reprennent la route, c’est l’heure d’entamer le retour vers la France pour eux. Nous poursuivons notre exploration de Selime puis remontons sur nos vélos en direction de Güzelyurt. Ça monte tranquillement, mais il fait chaud et les enfants ont peu dormi, alors c’est un peu compliqué. Nous posons la tente juste au-dessus du lac, offrant une vue magique sur les montagnes alentour.

Lors de la visite de Güzelyurt, nous rencontrons Anaïs, une archéologue française qui effectue ses recherches ici depuis une quinzaine d’année. Elle nous éclaire un peu sur ce territoire et son histoire.

La Cappadoce n’existe pas vraiment, ou plutôt c’est un mot qui change de sens au cour de l’Histoire et qui finit par décrire cette région géologique dans laquelle nous nous trouvons. L’énorme montagne que nous voyons en toile de fond est un volcan éteint. Les couches successives de roches proviennent des nuées ardentes dégagées par l’activité volcanique. L’érosion qui a suivi pendant des dizaines de milliers d’années a sculptés ces reliefs si extraordinaires.

Les habitats troglodytes ont été occupés avant l’antiquité et s’il y a tant d’églises ici, c’est qu’ensuite, les habitants de la région était grecs. Les échanges de population entre Grecs et Turcs au milieu du 20è siècle ont fait partir les uns pour faire venir les autres. Les habitations ont été utilisées jusque dans les années 1960 où une loi a interdit qu’elle soient utilisées comme logement pour des raisons sanitaires et de sécurité. Les maisons ont alors poussé au-dessus.

Güzelyurt garde de très nombreuses maisons en pierres et la vallée des monastères est très verdoyante. La visite des deux petites villes souterraines ravit les enfants qui se régalent à emmener leurs parents se faufiler dans les boyaux et tunnels étroits.

La journée se termine par une invitation d’Anaïs à un barbecue en présence d’amis. Demain, c’est Bayram, faites vos courses aujourd’hui, tout va être fermé nous prévient-elle…

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