La montagne

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Écrit par Marc pour le .

Nous quittons la plage sans savoir ce qui va se passer. Nous avons envie d’aller en montagne, mais ça monte trop. Nous allons tenter de laisser nos vélos quelque part et de monter sans eux en bus.

Avant de passer notre premier tunnel, nous faisons la rencontre d’Enguerrand, cyclo-voyageur français bien plus rapide que nous mais fortement sympathique tout de même.

Le premier tunnel est un enfer pour nous. Le bruit est assourdissant et, non contents de passer tout proche de nous, voitures et camions klaxonnent pour nous saluer nous faisant sursauter ou siffler les tympans. On n’était pas prêt.

À Pazar, nous sommes interceptés par Cengiz qui nous filme, nous pose des questions, nous finissons par comprendre qu’il est journaliste local. Nous sommes des super stars. Il nous invite à boire un thé et nous propose de poser les vélos dans le magasin de son oncle si nous voulons prendre le bus pour aller Ayder, dans la montagne. Parfait !

Fabrication artisanale de ruches par un menuisier à Pazar

Un coup de fil de Hassan, il nous invite ce soir dans son chalet de montagne, là où il est né ! Et demain, ce sera balade avec un ami. Ami chez qui nous pouvons d’ailleurs poser les vélos. Nous n’hésitons pas, nous roulons jusqu’à chez son ami. Juste en face de chez lui se trouve un ancien bus transformé en cuisine, nous nous y posons pour boire un thé et faire le temps d’études.

Grimpette

Vélos posés, nous montons dans la voiture de Hassan qui grimpe, qui grimpe. Pas fâchés de les avoir posés, les vélos. Impossible de monter jusqu’ici pour nous. Un arrêt à l’élevage de truites juste avant le village et nous voilà au chalet en plein milieu des plantations de thé. Hassan est un enfant du pays. Il connait tout le monde, tout le monde le connait. Il est l’initiateur de très nombreux événements qui font parler de la région, le premier à avoir fait du rafting sur la neige, celui qui organise le festival annuel de la baignade dans l’eau glacée, le porteur du projet de la tour du thé de Rize, etc.

Le chalet est simple et chaleureux, un vrai plaisir de s’extraire enfin de la côte et de sa route nationale pour se retrouver dans la montagne au frais, au calme et à l’air pur !

Nous sommes montés avec son petit-fils et nous passons une soirée délicieuse à cuisiner sur le poêle à bois le riz pilaf et le poisson. Simplement exquis.

Hassan et son petit-fils nous laissent le chalet, ils redescendent, nous dormons ici. La balade matinale du lendemain dans le village nous permet d’observer la culture du thé. Les pentes dans lesquelles sont cultivés les plants de thé peuvent faire pâlir les vignerons du beaujolais qui sont pourtant déjà bien pourvus, foi de vendangeur. Les arbustes sont rasés avec une sorte de cisaille-pelle, les feuilles sont déposées dans des sacs, les sacs sont remontés et posés sur des tyroliennes et envoyés dans des camions qui descendent la vallée vers le bord de mer où les usines de fabrication se trouvent.

Les cultivateurs de thé sont les champions des tyroliennes, il y en a partout ! Léon est chaud comme la braise. Mais n’est pas sac de thé qui veut, et il doit se résoudre à ne pas emprunter ce moyen de transport.

Sortons les raquettes

Hassan nous appelle, son ami a un empêchement de dernière minute. Mais il nous propose d’aller dans un autre chalet de famille, le chalet d’estive. Quand il était enfant, avec sa famille, il emmenait les vaches sur les hauts plateaux en été, c’est là que nous allons.

La route est totalement dingue. La pente est raide et la route est longue. Nous nous faufilons dans des petits chemins de montagne, parfois très étroits, toujours très exposés. Hassan connait la route comme sa poche. Et ça tombe bien car nous arrivons dans les nuages. La pluie commence à tomber. On n’y voit pas à plus de trois mètres. Autant dire que ce n’est pas hyper rassurant. Mais nous arrivons bien à bon port.

Nous sommes le 21 juin, c’est le solstice d’été et nous sommes dans la neige et sous la pluie à 2300m d’altitude. Avant d’allumer le feu, nous devons remettre en état le conduit de cheminée. Avant de faire la cuisine, nous devons aller chercher de l’eau.

La tête dans les étoiles

La soirée est parfaite. Le poêle nous réchauffe et nous y cuisinons notre délicieux et simple repas. Les enfants sont absolument ravis d’être ici. Nous aussi. Pour Hassan, cet endroit est un moyen de se ressourcer et de retrouver un peu de calme dans sa vie si active.

Juste avant le coucher du soleil du jour le plus long de l’année, nous avons droit à une petite éclaircie offrant des percées et une lumière fantastique sur le paysage de haute montagne. Quelle claque.

La soirée se termine avec un petit coup de tchatcha, cognac géorgien partagé entre amis et une petite sortie sous la voûte étoilée absolument impressionnante. Plus un nuage dans le ciel, pas une lumière à l’horizon, une voie lactée comme jamais, nous sommes estomaqués.

Dans la nuit, pas un bruit. Mes oreilles bourdonnent de silence.

Vroum vroum

Le descente le lendemain est plus simple que la montée, on y voit mieux. Nous retournons vers Ardeşen où est organisée une course de voitures tout-terrain. Le fils de Hassan est impliqué dans l’organisation de la course. Pourquoi pas aller y faire un tour ? Allez, pourquoi pas.

Léon est ravi. Lucie nous dit : Je ne comprends pas l’intérêt, c’est pas du tout mon truc. Mais elle patiente avec Léon et Hassan, assis sur les places VIP. Puis les voitures arrivent, puis la télévision qui vient interviewer Hassan et autres huiles locales.

Les enfants sortent de là ravis, Lucie trouve qu’en fait c’était trop bien, que les voitures roulaient n’importe comment et que passer à la télé c’est trop cool.

Pour Estelle et moi qui ne sommes pas passés à la télé, nous ne voyons pas trop l’intérêt et ce n’est pas trop notre truc, mais nous y étions.

Camion

Nous récupérons nos vélos et laissons Hassan à ses occupations dominicales. Nous restons tout étourdis par cette escapade montagnarde. Encore une leçon d’hospitalité, serai-je capable de prendre autant soin d’hôtes envoyés par une bonne amie ?

C’est l’heure du repas et nous devons réfléchir, une fois de plus. Nous retrouvons les deux tenancières du camion repas en face de chez l’ami de Hassan avec qui nous avons tout de suite accroché avant-hier. Pause repas.

Nous décidons d’aller nous établir dans le camping tout proche pour prendre le temps de réfléchir une fois de plus aux jours à venir. Nouvelle escapade montagnarde ou direction la Géorgie ?

Le camping est fort sympathique et tenu par des personnes adorables. Ils nous chouchoutent et nous avons même droit à une projection de Ponyo sur la falaise en Français avant d’aller nous coucher, bercés par la rivière toute proche.

Demain, ce sera direction la Géorgie.

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