Nos affaires sont prêtes. Nous quittons la famille et l’équipe de volontaires si attachantes ce matin. Ce lieu nous a beaucoup plu et les rencontres que nous y avons faites nous ont marqués et enrichis.

Nous serpentons dans la campagne de ოზურგეთი (Ozourguéti), elle est verte et les maisons typiques alternent avec les plantations de noisetiers. Rien à voir avec les plantations que nous avions vues en Italie, ici le sol est bien vivant. À ოზურგეთი, chacun peut apporter ses noisettes chez l’un ou l’autre des propriétaires de machines à les décortiquer. Cela fait des tas impressionnants de coquilles, mais ça semble faire gagner un certain temps pour le dépiautage.
L’ambroisie est partout. Les sols ont été vraiment maltraités à l’époque de la monoculture du thé.
Puis nous arrivons au pied des monts que nous devons passer. L’épreuve est annoncée comme difficile. Elle l’est. Nous poussons nos vélos. Une gourde remplie par de l’eau bien fraîche par une habitante, deux gâteaux donnés aux enfants par une épicière, la côte est parsemée de belles surprises et de sourires. Puis vient une descente avant une plus grosse montée encore.

Pause repas au bord de la rivière avant la montée. Nous trouvons une bassine pour se baigner, parfait pour allonger la pause. Et pourquoi pas rester ici cette nuit, au fait ? Nous posons la tente.
Ça picote
Je vais faire une promenade pré-vespérale. À mon retour, les enfants m’assaillent, je crois percevoir dans le flot de paroles qu’il s’est passé quelque-chose. Estelle a marché sur une petite branche sèche de févier d’Amérique et s’est enfoncée très profondément une redoutable épine dans la plante du pied. La longue épine a méticuleusement évité la semelle de la sandale pour rentrer perpendiculairement dans les chairs de ma tendre épouse.
Incapable de marcher. Nous l’aidons à se soigner, repos forcé pour tout le monde.
Perdus au milieu de la montagne, nous n’avions pas prévu de rester ici plusieurs jours, aussi, le lendemain, Lucie et moi partons à la recherche d’une épicerie pour trouver quelques vivres. Il faut en faire des kilomètres et en gravir des côtes pour en définitive ne pas trouver grand chose. Tant pis, ce sera riz au riz à chaque repas.
Les habitués de la rivière nous y retrouvent et discutent un peu. Un verre de bière partagé et hop, je me retrouve dans une voiture à aller à une autre épicerie. Quelques légumes, des condiments, nous voilà mieux parés pour agrémenter le riz !
Après trois nuits de repos, Estelle peut à nouveau pédaler et marcher. Vivent les soins à base d’argile, d’huiles essentielles et énergétiques. Je n’aurais pas parié sur une reprise aussi rapide.
À l’eau
Nous reprenons donc la route, et ça commence par une bonne grosse côte. Mais la bonne humeur est là et nous atteignons le sommet sans difficultés. Nous retrouvons de l’autre côté, après une longue descente, une route que nous avons déjà pratiquée dans la direction opposée. Puis nous quittons le connu pour poursuivre notre exploration de la Géorgie.
Nous ne pensions pas arriver jusqu’à ვანი (Vani), c’est pourtant là que nos roues s’arrêtent. À la recherche d’eau pour la baignade par cette chaleur, nous tentons un coin qui pourrait éventuellement convenir.
Je demande au jeune homme ici présent, il est en train de pêcher avec un ami. Il pose son matériel, me dit qu’ici la rivière est polluée, monte sur sa moto, et nous emmène quelques kilomètres plus loin pour nous montrer un endroit parfait pour nous : un endroit ombragé pour poser la tente, une table abritée, un robinet d’eau, un abris avec l’électricité, et un bassin pour nager. Et même un voisin qui passe et m’offre un litron de vin maison.
Chaleur distante
En arrivant de Turquie où le lien avec les habitants est si chaleureux, si démonstratif, on peut être déconcerté par l’impassibilité voire la froideur géorgienne. Cela nous a rappelé la Bulgarie.
Mais justement, forts de notre expérience bulgare, nous ne nous sommes pas arrêtés à ce premier contact. Il suffit de dire bonjour, de demander quelque-chose et le rapport change. Il ne se sera pas forcément démonstratif ni chaleureux comme dans d’autres pays, mais l’intérêt est bien là, simplement plus réservé.
En dehors de Batumi où j’ai eu de désagréables surprises (mais nous n’avons pas senti cette ville), à chaque fois que nous avons eu besoin d’aide, nous avons été aidés au-delà de nos attentes. Ici, nous avions simplement besoin d’avoir une indication de destination, le jeune homme a arrêté ce qu’il faisait et nous a accompagnés jusqu’à l’endroit en question en roulant à 10-15 km/h. C’est perturbant, non ?