Nous ne partons pas du domaine Dimis Ferdobi sans avoir fait une petite visite à ქუთაისი (Kutaisi). Cette ville aurait valu d’y rester plus longtemps, mais ce n’est pas ce qui se passe pour nous.
Centre thermal couru lors de la période soviétique, les bâtiments thermaux anciennement flamboyants tombent en désuétude. Plusieurs personnes nous ont parlé de cela mais nous n’irons pas les voir. À ne pas manquer également, le monastère de Gelati. Nous le manquons donc aussi. C’est ainsi, nous avons trouvé à dormir vers ბაღდათი (Baghdati), pas à ქუთაისი (Kutaisi). Pour autant, nous n’irons pas visiter la maison de naissance de Vladimir Maiakovski à ბაღდათი (Baghdati) non plus…
Mais, nous avons pu prendre soin des vélos, travailler un peu, jouer aussi et prendre du bon temps.
J’ai demandé à un de nos hôtes l’adresse d’un magasin de bricolage car je voulais renforcer mon porte-bagage et le voilà parti pour faire le travail lui-même ! Incroyable.
Nous avons passé dans ce domaine de très bons moments, notamment de partage avec Christian et Lena.
Planner vers la plaine
Une petite montée avant de se lancer dans une grande descente vers la plaine à l’est de ქუთაისი (Kutaisi). La route nous emmène entre vallons arborés et bucoliques et plaines industrielles rêches. Dans les campagnes agricoles nous voyons parfois les herbes fauchées sécher à même la route, occupant une voie. Les voitures (et les vélos) contournent sans se poser de question ni s’insurger.
Un très très jeune conducteur nous salue, sa mère à ses côtés. En Géorgie, il semblerait que l’apprentissage de la conduite se fasse très tôt et que les conducteurs s’offrent beaucoup de liberté… Les amendes sont insignifiantes lorsque la police nous arrête
a-t-on entendu une fois.
Nous nous dirigeons vers l’est tranquillement en trouvant une place de bivouac à proximité de l’eau. Les traces d’une industrialisation décrépie voire abandonnée côtoient les ruines de forteresses millénaires vaillantes.
Puis nous arrivons au pied d’un massif montagneux qui se dresse entre nous et notre destination. Cela arrive beaucoup en Géorgie… Nous allons le contourner, bien-sûr. Une des deux vallées est dédiée à l’autoroute, alors prenons l’autre.
Vallée de pics
Les montagnes nous entourent et nous suivons la rivière. Le dénivelé moyen n’est pas très élevé, mais la route nous chahute de raidillons en toboggans. Il y a peu de voitures, la route est bonne, nous sommes entourés par des arbres et traversons de petits villages. Une première nuit en bord de rivière, une seconde dans le jardin d’une ancienne usine en plein centre-village.
Plus nous avançons, moins il y a de voitures et pourtant plus la chaussée semble neuve. Plus nous prenons de l’altitude, plus nous nous sentons en osmose avec cette nature paisible et dense. Nous sommes émerveillés et joyeux.
Nous sommes quasiment seuls sur cette route flambant neuve. Les glissières de sécurités en acier galvanisé sont encore brillantes et nous voyons les traces d’une pose récente, ficelles, gants de travaux éparpillés…
Cailloux pis
Voilà que brutalement, l’asphalte s’arrête. Nous avons parcouru 80% de cette route de vallée sur une belle chaussée avec très peu de voitures, l’impression d’une piste cyclable de luxe pour nous. Voilà que le luxe cesse. Et plus nous montons, plus ça monte.
Nous roulons donc sur une piste inégale aux nids-de-poule et cailloux variablement dispersés. Alors nous roulons lentement ou poussons les vélos. Le vent violent de face n’aide pas.
Il nous faut parfois serpenter entre les pelleteuses et autres perforateurs hydrauliques gigantesques attaquant le roche pour ouvrir de nouvelles voies à cette route naissante. Les ouvriers nous regardent passer amusés, nous saluent avec des regards étonnés.
Le soleil est fort, le dénivelé moyen est autour de 8%, nous sommes fatigués, mais nous avançons. Puis vient enfin le col. Ouf ! Pause repas.
Descente cahoteuse
Après une grosse pause bien méritée, il nous faut reprendre le chemin, toujours aussi mauvais, mais qui descend cette fois. Nous attaquons les longs lacets et tout à coup, le retour de l’asphalte. Ce revêtement nous met tous en grande joie, fatigués d’être secoués que nous sommes. Paradoxe amusant des cyclistes fuyant les voitures, mais appréciant les infrastructures qui leur sont dédiées… Mais l’euphorie est de très courte durée et nous retrouvons bien vite les cailloux. L’emplâtre lisse de la route n’était que temporaire. Le moral reste pourtant très bon, nous avons passé l’épreuve de la montée.
Nous sommes de l’autre côté d’un massif montagneux et nous décelons de subtiles différences. Presque rien, mais quand même. L’urbanisme, les comportements, les commerces, les produits dans les épiceries…
Notre descente se termine au bord d’un lac autour duquel nous poserons notre tente pour ce soir et où les mûres cueillies seront excellentes. Un bon repos s’impose après cette étape ô combien éprouvante. Bonne nuit.