Gori

Et Didgori

Écrit par Marc pour le .

Il fait grand beau. Le vent léger nous permet de ne pas trop souffrir de la chaleur. La campagne est très agréable, les petits villages où règnent les treilles de vigne impressionnantes, où nous pouvons nous ravitailler en eau du puits grâce à la pompe électrique à activer manuellement, où les arrêts de bus sont aménagés pour pouvoir y passer un bon moment confortable.

Après l’épreuve de la veille, les vallons nous semblent gentils, même la côte qui nous fait passer au pied de l’impressionnante forteresse qui domine la plaine. Nous avançons bien, malgré mes arrêts fréquents pour ramasser des mûres sauvages.

Gare à Gori

Arrivés à გორი (Gori), nous nous offrons un repas au restaurant parce que c’est comme ça et pourquoi pas ? Le charmant café nous accueille durant plusieurs heures, nous devons charger nos appareils électriques, faire un peu de temps d’études, aller à la poste pour envoyer des courriers en France… Ah… la poste, toujours une expérience un peu déroutante…

გორი est la ville de naissance de Lenine. Elle a quelque chose de grandiloquent, avenues larges, bâtiments fiers, forteresse impressionnante, entourée par des montagnes. On ne va pas visiter les musées racontant la vie du Camarade. Si nous parlons souvent d’histoire aux enfants, nous évitons de confronter Lucie à des images traumatisantes. Le contexte des guerres mondiales en regorge.

Cité royale

Nous reprenons la route, gentiment vallonnée. Elle nous permet d’admirer au loin la cité souterraine de უფლისციხე (Uplistsikhe). Elle est impressionnante, fichée dans la montagne. Nous hésitons à faire le détour pour aller la visiter. L’horaire n’est pas bon, cela nous compliquerait bien la vie et nous ferait faire un beau détour, nous renonçons, gardant le souvenir des cités souterraines de Cappadoce.

Une nuit tranquille dans un pré loin de la route. Demain, nous retrouvons Rebecca et ses deux enfants. Les nôtres sont tout excités.

Retrouvailles

Petite étape. Elle commence par une longue côte éprouvante. Étrangement, nous roulons beaucoup plus vite lorsque nous en avons passé le sommet et entamons la descente, avec le vent dans le dos. Lucie aime particulièrement ces grandes descentes, elle et Léon battent des ailes et se racontent des histoires d’oiseaux.

Nous arrivons à კავთისხევი (Kavtiskhevi) avant nos amis. Le temps de voir que nous n’allons pas pouvoir nous poser ici pour discuter tranquillement de la suite. Le village est un carrefour de commerces mais pas de café ou de petits bancs ombragés.

Aussi, lorsqu’ils arrivent, nous décidons d’aller poser les tentes à quelques kilomètres. Pour Rebecca, Bluejay et Journey, aucun soucis, pour nous, le profil altimétrique nous fait bien transpirer. La différence entre voyageurs motorisés ou non.

Nous allons passer plusieurs jours avec Rebecca. Rencontrée au “camping” lorsque j’avais cassé mon porte-bagages. Elle vit en Géorgie depuis deux ans avec ses deux enfants, explorant le pays en tous sens. Nous lui avons demandé son avis sur l’itinéraire à suivre pour passer le massif du Petit Caucase et elle nous a proposé son aide pour le passer.

Haut lieu

Depuis nos tentes, nous dominons la vallée et admirons le massif du Grand Caucase en face de nous. C’est magnifique. Et quelle joie de retrouver nos amis !

Le lendemain, je charge la voiture à bloc. Ne laissant la place que pour Rebecca, ses deux enfants et moi. Le coffre déborde, j’en ai même mis sur le toit. Et nous passons la montagne. Cela semble si facile. Nous ne pourrions clairement pas monter à vélo aujourd’hui. Mais que j’en aurais envie ! La montagne est magnifique. Les dénivelés sont indiqués sur le bord de la route, 13% pendant 1800m, 12% pendant 1600m, seulement 8% pendant 2400m. La côte dure une vingtaine de kilomètres. Puis vient la descente. Que c’est beau. Les oiseaux de proie semblent apprécier également le paysage et nous nous régalons les pupilles.

Au milieu de la forêt, en bordure d’un parc naturel, un espace aménagé pour les piqueniques avec des abris, des tables et des arbres. Parfait pour nous.

Je décharge, je laisse Rebecca et ses enfants et je prends la voiture pour aller chercher Estelle et les nôtres, d’enfants. Le route dans le sens inverse est encore plus belle. Mais pas moins longue.

Nous chargeons le reste, je mets les vélos sur le toit, tout le monde en voiture et c’est parti !

Bataille de bâtisseur

Nous avons choisi de passer par დიდგორი (Didgori) pour la route, mais aussi pour voir ce lieu si important pour la Géorgie. En effet, c’est ici que s’est déroulée une bataille décisive pour le roi bien-aimé des Géorgiens : David le Bâtisseur.

Au début du XIIè siècle, les Seldjoukides étaient installés dans le coin. Le roi géorgien a usé de stratégie très fine pour, malgré le sous-nombre, écraser ses adversaires et les pourchasser dans tout son royaume. Il a notamment récupéré Tbilisi qui est depuis lors la capitale du pays. Un véritable massacre. Mais les Géorgiens ont été tranquilles pendant fort longtemps.

Le mémorial est impressionnant. Plus impressionnant encore, la possibilité d’une bataille dans un endroit si difficile d’accès…

Nous retrouvons tout le monde et passons une soirée fort agréable. Nos voisins de piquenique fêtent un anniversaire, et nous offrent des parts de khatchapuri, de gâteau ou des ballons.

Pas le feu au lac

Le lendemain, rebelote ! La ballet des bagages recommence pour rejoindre le lac de წალკა (Tsalka). Arrivés sur place, nous cherchons, Rebecca et moi, un endroit idéal pour poser la tente. Pourquoi pas pour deux nuits. Mais autour du lac, pas ou très peu d’arbres. En dehors de ce parc clos. Un hôtel. Nous allons voir et demandons. Pas de soucis, on peut poser la tente dans le parc de l’hôtel. Parfait ça !

Une fois tout le monde rassemblé, nous pouvons profiter du lac, Léon est ravi car il peut enfin pêcher et le lac est plein de perches, alors ça mord ! Nous mangeons les quelques poissons qu’il n’a pas relâchés car l’hameçon était planté au mauvais endroit.

Pour équilibrer un peu la souffrance entre poissons et pêcheur, Léon se plante un hameçon dans le bras bien profondément après une mauvaise manipulation. Nous peinons à lui enlever et la souffrance est grande ! On s’interroge parfois sur l’utilité de transporter certains objets, nous sommes bien contents d’avoir avec nous un scalpel.

La vie est si simple avec nos amis, si fluide. Et tout le monde parle anglais.

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