Hacker à capuche

Deep fake

Écrit par Marc pour le .

Nous en entendons souvent parler à la télévision ou dans les journaux, des manipulations sur les réseaux sociaux permettent à des acteurs plus ou moins obscurs de parvenir à leur fins. Nous étions même en plein cœur des élections présidentielles roumaines où le candidat Georgescu, inconnu du public, est parvenu au deuxième tour des élections présidentielles. Des manipulations sur les réseaux sociaux ont été mises en évidence, menant à l’annulation des élections présidentielles.

Bien souvent est agité le drapeau de la menace russe et les visuels associés aux propos montrent en général une personne devant son ordinateur, caché sous son sweatshirt à capuche et écrivant du code CSS ou HTML…

Sachez que j’ai rencontré un maillon de cette chaîne de la désinformation et ici, point de sweat à capuche ! Elle est russe en effet. Comédienne, elle préfèrerait interpréter du Tchekhov, mais de travail, point n’en a. Alors elle accepte avec joie cette proposition qui lui est faite d’utiliser ses compétences et d’être payée.

Des amis lui donnent un contact watsapp. Le cahier des charges est simple, elle doit réaliser un montage vidéo qui sera envoyé sur les réseaux sociaux.

Elle a un “script”, elle sait ce qu’elle a à faire. Elle va générer des vidéos en deepfake. Il s’agit de créer une vidéo via une intelligence artificielle qui utilise une personnalité et lui fait dire ce que l’on veut. Aussi, elle fait dire à une présentatrice télévision célèbre au moyen-orient que le footballeur Ronaldo a créé une application mobile. On voit alors le célèbre footballeur expliquer qu’il a créé cette application pour permettre à chacun d’améliorer son niveau de vie. Figurez-vous que l’application vantée est une app de pari en ligne.

Une fois les fausses interventions générées, notre dangereuse hackeuse sans capuche les agrège pour la faire ressembler à s’y méprendre à un sujet du journal télévisé. Très convaincant, pour peu que l’on puisse donner crédit à toutes les fadaises qui y sont dites. Mais même si l’on est sûr qu’il s’agit de bêtises, le doute s’installe…

J’en ai profité pour lui poser quelques questions.

  • Combien va-t-elle gagner pour ce travail ? La réponse me laisse rêveur : 15$.
  • Comment va-t-elle être payée ? En crypto-monnaies.
  • Connaît-elle son employeur ? Non, c’est juste un contact watsapp.
  • A-t-elle conscience qu’elle travaille pour une mafia ? Une moue gênée, oui, elle a bien conscience et elle n’est pas totalement ok avec ça.

Le pire dans cette histoire, c’est que la connexion internet étant de très mauvaise qualité, elle peine vraiment à générer ses vidéos et doit s’y reprendre à de très nombreuses fois, passant un temps incalculable… Elle passera en définitive plus de trois jours pour produire cette vidéo en y mettant tout son talent car elle est très consciencieuse.

Voilà un côté bien sombre du numérique effectué par une jeune fille lumineuse qui aimerait bien faire autre chose. Combien de personnes tomberont dans le panneau ? Sans doute bien plus que je ne peux l’imaginer.

Lorsque j’étais au lycée, nos livres d’histoire relataient les montages photographiques utilisés à tout va par les régimes communiste ou nazi. Cette pratique est désormais d’une simplicité d’accès, aussi, ni l’image, ni la vidéo ne sont désormais dignes de confiance.

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