Arménie

Bel anniversaire

Écrit par Marc pour le .

Départ tranquille au petit matin. Nous croisons les habitants du village qui apportent la traite du matin à la coopérative sans doute, chacun avec son seau, sa berthe ou son bidon. Puis nous rejoignons la route principale.

Au bout de quelques kilomètres, je m’arrête. Je n’y arrive plus. Pourtant, ça monte tout doux. Je me retourne vers Lucie et le lui dit. Elle est trop grande maintenant, lorsqu’elle est attachée à mon vélo, dès qu’elle bouge un tout petit peu, je dois compenser l’équilibre. Dans les côtes, j’aurais besoin qu’elle pédale plus mais l’effort n’est que de courte durée alors je dois pédaler plus fort. Voilà un bout de temps que je sens que je suis au-delà de mes capacités physiques et il est temps pour moi que ça s’arrête avant que je me fasse mal.

Lucie n’y voit aucun inconvénient, elle comprend très bien et se met à pédaler. Et elle pédale vite en plus ! Sa capacité à rebondir est impressionnante et m’étonne bien souvent.

Frontière

Arrivés à la frontière, nous la passons sans encombre. Les douaniers sont, pour certains, très curieux de notre attirail. Un sac ou deux ouverts pour vérifier et c’est bon passez. Nous sommes en Arménie. Une fois de plus, cela nous rend tout joyeux de rentrer dans un nouveau pays.

À partir de la frontière, c’est plutôt de la descente. Après une pause repas, nous avançons un peu rapidement pour éviter de nous faire mouiller par l’orage menaçant. Ce ne sera pas pour nous.

Nous posons la tente juste après Աշոցք (Ashotsk). En contrebas de la route, il y a une source, un abris et le bruit de la route est étonnamment faible malgré sa proximité.

Un paysan qui vient récupérer sa vache et son cheval vient nous saluer, tout joyeux. Il est impressionné par notre matériel et ouvre des grands yeux lorsque nous lui racontons un peu notre voyage. Il repassera le lendemain matin avec sa famille pour nous saluer et montrer à ses enfants nos vélos.

Je vais faire quelques courses pour préparer un bon repas, c’est que c’est l’anniversaire d’Estelle aujourd’hui, alors il faut quand même marquer le coup ce soir !

De col en col

La journée va être rude. Nous espérons que Lucie va réussir à grimper toutes les côtes pour passer tous ces cols afin d’atteindre Gyumri. Certaines côtes sont carrément sérieuses.

Mais nous avons le temps.

Nous croisons un skieur sur roulettes, il nous dépasse. Nous croisons ensuite un photographe qui nous prend en photo et nous filme alors que nous faisons une pause en haut d’une belle côte entre 5% et 8%. Une autre voiture s’arrête, c’est Artush. Il parle Français ! Alors il pose des questions et traduit au photographe qui est sidéré.

Nous poursuivons et ça continue à monter, descendre, monter, descendre, mooooooooooonter, il commence à faire chaud, et que c’est beau. Encore une descente, je fais une pause. Je ne vois plus personne derrière moi. Puis je vois tout le monde arriver. Le porte-bagages de Léon s’est cassé.

Les filles entament la dernière montée, la plus longue. Pendant ce temps, j’essaie de bricoler le porte-bagages de Léon. La pause à Gyumri risque de durer plus longtemps que prévu, le temps de faire les réparations et achats nécessaires.

Et c’est reparti. Nous avons vite fait de rattraper Estelle et Lucie. C’est dur pour Lucie cette journée et il fait déjà chaud alors elle en a mare. Je prends le relai pour l’accompagner. Nous essayons de pousser les vélos, de tendre une chambre à air entre le sien et le mien pour que ce soit plus simple, puis de remonter sur les vélos. Je me rends compte qu’elle n’a pas passé ses vitesses correctement. Elle pédale depuis le début de la côte sur un mauvais rapport !

Une fois la bonne vitesse passée, elle peut pédaler. Alors on avance. On fait des pauses. On continue, tranquillement. On papote. Les voitures nous font coucou. Le paysage est magnifique et nous allons tout doucement, mais nous allons. Si bien que nous finissons par arriver au col. On vient de grimper 4km à 5-6%. À 8 ans, ce n’est pas rien, d’autant que c’est loin d’être la seule côte de la journée. Tout le monde est tellement fier et joyeux.

Gyumri

La suite est une grande descente vers la deuxième ville d’Arménie. Nous nous lançons, mais la roue de Léon fait un bruit de frottement. C’est le porte-bagages, ça frotte contre le disque. Alors Léon et moi devons rouler tout doucement et nous arrêter très régulièrement pour repositionner la vis qui frotte. Ça ne tient pas longtemps, mais ça ira jusqu’à l’appartement où nous allons passer quelques nuits. Mais quelle frustration de ne pas pouvoir profiter pleinement de la descente après tous les efforts de la journée !

Nous arrivons dans la ville, finissons par trouver l’appartement. Comment rentrer dedans ? Je ne sais pas. Les enfants sont fatigués et excités, Estelle les emmène faire quelques courses en attendant que je contacte le propriétaire. De voisins en voisines, une personne finit par arriver et me fait rentrer dans l’appartement. Je pose la question par acquit de conscience au moment de son départ, la machine à laver fonctionne-t-elle bien (nous en avons vraiment besoin) ? Ah non, elle ne fonctionne pas. Ah… Euh… Wait…

Après quelques échanges par téléphone interposé, elle m’emmène dans un autre appartement. Deux fois plus grand, avec des lits pour tout le monde, une machine à laver fonctionnelle et un accès à une petite courette où nous pouvons poser nos vélos, eh bien voilà un séjour à Gyumri qui s’annonce bien !

Nous rentrons et rangeons tout notre barda et on va manger au restau pour l’anniversaire d’Estelle ! Artush, rencontré plus tôt est le patron du meilleur restaurant de Gyumri selon lui, allons voir ça.

Mazette, non seulement c’était exquis, mais en plus Herbs and Honey est vraiment un endroit très agréable et remarquablement décoré. Nous passons une soirée délicieuse qui se termine face à la fontaine lumineuse et musicale de Gyumri. L’Arménie sait nous accueillir.


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