Quittant Գյումրի (Gyumri), nous empruntons une route secondaire, nous espérons qu’elle sera tranquille. Tranquille, elle l’est car elle est en cours de rénovation. Chemin caillouteux plus ou moins bien tassé, ornières, terre et poussière, exactement ce que Lucie déteste comme route, parfait pour découvrir son nouveau vélo ! Fort heureusement, la route en rejoint une autre, terminée celle-ci. Le temps est splendide. Face à nous le mont Aragats qui culmine à plus de 4000m. Arrivant du nord, nous allons contourner le massif par l’est.

Signes de Panik
La route est tranquille, très gentiment vallonnée et peu usitée. C’est parfait pour nous et nous avançons paisiblement. Une pause repas devant un immense bâtiment municipal quasiment à l’abandon. La maison de la culture de ce village semble désormais servir à héberger un cabinet médical, le reste est désert et impressionnant à visiter.
Le soir approche et nous arrivons à Փանիկ (Panik). Nous nous arrêtons à la station-service pour un plein (pour notre réchaud à essence) et nous trouvons invités à partager un café, un repas et finissons par planter la tente chez la tenancière de la station. Nous faisons la connaissance d’Ani qui connaît l’anglais et avec qui la discussion est la plus simple dans la famille adorable qui nous accueille.
Ani est attentive et vive. Sourde de naissance, elle a grand soif d’apprendre et va dans un institut spécialisé à Երևան (Yerevan). Elle y étudie l’anglais, à l’écrit et en Langue des Signes, ainsi que la gestion des réseaux sociaux. Elle a très envie de continuer, mais elle doit habiter proche de son école et un appartement à Yerevan coûte cher. Elle avait l’aide d’un parrain qui est décédé récemment et se retrouve à chercher quelqu’un d’autre en mesure de l’aider financièrement… Si d’aventure l’une ou l’un de nos lecteurs souhaite aider une jeune femme studieuse, ultra motivée et en difficulté, n’hésitez pas à nous contacter.
Vent
Le lendemain monte et nous emmène vers le plus haut col que nous ayons passé jusque-là : 2120m. Le défi n’est pas mince pour notre fille. Comme lu sur la fiche du wiki de CCI, l’Arménie n’est pas un pays de montagne, l’Arménie EST une montagne.
Alors la côte est longue et parfois pénible. Fort heureusement, nous avons l’immense plaisir de goûter à l’hospitalité arménienne lors de nos pauses. Quelle classe ! Qui des cafés, biscuits et fruits, qui une table, un réchaud au gaz, du fromage et du pain, nous sommes chouchoutés par les personnes plus ou moins curieuses de notre voyage.
Un vent violent s’est levé et il devient impossible d’avancer plus. Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres du col et pas un arbre à l’horizon.
Haies pis
Depuis que nous sommes en Arménie, nous voyons les campagnes pelées. Pas d’arbres, pas de haies, juste de grandes étendues d’herbes ou de culture. Cependant les parcelles ne semblent pas être immenses, séparées par un rang d’herbe. L’absence de haies ne semble donc pas simplifier la mécanisation de l’agriculture. Avec un vent pareil, nous nous disons que des haies seraient une bonne idée…
J’aperçois un arbuste sur une petite butte au loin, maigre espoir, je m’y rends pour voir si la place serait propice à accueillir notre tente. Bingo ! Le contraste est impressionnant. Ici le vent est coupé par ce tout petit obstacle. Le soleil est radieux et l’endroit offre une vue absolument magnifique sur le massif de l’Aragats.
