Dilidjan

Bain de forêt

Écrit par Marc pour le .

Au petit matin, le soleil est revenu et le temps est radieux. Nous attaquons l’ascension du col en direction de Դիլիջան (Dilidjan). Elle se fait tranquillement, nous prenons l’itinéraire secondaire, laissant le tunnel aux automobiles pressées. Alors ça monte un peu plus, mais que c’est beau !

Arrivés en haut, nous quittons le plein soleil pour nous enfoncer dans les nuages. Impressionnant. Nous dégringolons sur la petite route secondaire, puis rejoignons l’itinéraire principal qui n’en finit pas de descendre. Les marchands de maïs chaud qui bordent la route passante nous saluent parfois, ainsi que les automobilistes. Nous avons nos gilets jaunes, nos gants, nos doudounes…

Dilidjan

Descendre vers Dilidjan, c’est changer totalement de paysage. Jusque là, l’Arménie que nous avons vue est pelée. Quasiment pas d’arbres sur les montagnes ou dans les vallées, des foins ou des cultures. Une fois le col passé, nous plongeons dans une forêt luxuriante. Ça sent l’humus et les champignons et cela nous met en joie. Nous sommes galvanisés par la présence des vieux arbres et l’énergie que dégage cet écosystème dans lequel nous nous sentons si bien. On ne peut pas dire que ça nous avait manqué, mais cela nous fait grand bien de le retrouver.

Arrivés dans la ville, nous cherchons un endroit où boire un café au chaud. Nous nous arrêtons pour consulter la carte et s’arrêtent pour discuter Igor, Irina et Dimitri, une famille Russe attirée par notre caravane. Ils nous indiquent une adresse où se réchauffer et nous invitent à planter la tente dans la courette de la petite maison qu’ils louent. Allez.

Terreur

Si nous les rencontrons ici, c’est qu’ils ont dû quitter leur pays en catastrophe. Dimitri et ses amis postaient des messages en faveur de la paix du style Stop war! sur les réseaux sociaux. Un beau matin, les services secrets ont tapé à la porte de leur domicile et dans les dents d’Igor à coup de crosse, retourné toute la maison et perquisitionné le matériel numérique ainsi que le passeport international de Dimitri. Il est accusé de terrorisme et risque la prison. En trois jours, ils ont décidé de fuir, on pris les économies de sous le matelas prévues pour les travaux de la maison (leurs comptes en banque ont été gelés) et ont abandonné famille, amis, travail et maison.

Ils tentent depuis de trouver asile dans un pays dans lequel ils puissent refaire leur vie. Mais Dimitri a la mauvaise idée de ne pas être connu, journaliste ou artiste séditieux, juste un jeune homme normal.

Ils vivent le drame de leur fuite avec beaucoup d’humour et tentent chaque jour de trouver la joie dans leur situation.

Nous dormirons trois nuits ici et passons d’excellents moments avec cette famille très attachante avec qui nous nous lions d’amitié. Dimitri, du haut de ses seize ans, est passionné de linguistique et de langues anciennes, il nous apprend par exemple beaucoup de choses au sujet de l’arpitan qui est pourtant parlé encore par un millier de personnes dans notre département du Rhône !

En discutant avec lui, j’ai enfin la réponse à une question que je me suis posée en Hongrie. Certains noms de communes étaient écrit en alphabet latin, mais également dans une sorte d’alphabet runique. Je n’avais pas eu le fin mot de l’histoire l’an dernier. Voilà ma patience récompensée !

Visites et balades

Lors de notre séjour à Dilidjan, nous allons visiter le monastère de Հաղարծին (Haghartsin) qui dégage une puissante énergie, perché au milieu des bois. Nous y allons en taxi, peu de motivation pour prendre les vélos et grimper après l’étape de la veille.

Puis le taxi nous dépose au petit lac de Parz d’où nous rentrons à pieds. Les enfants sont euphoriques de marcher dans les bois. La randonnée est absolument sublime et les trois bonnes heures et demie de marche se font sans trop de difficulté. Nous sentons juste nos jambes douloureuses à la fin, les courbatures vont être sérieuses demain !

Nous visitons également le petit musée d’art et de culture locale, très agréable (malgré les courbatures).


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