Vanadzor

Cols et vallons

Écrit par Marc pour le .

Nous sommes arrivés à Դիլիջան (Dilidjan) par une grande et longue descente, pour en partir nous devons gravir une grande longue montée. Après réflexion, Estelle et moi nous disons qu’il serait dommage de dégoûter Lucie alors qu’elle pédale seule depuis peu de temps. Nous comptions sur le tour du lac pour engranger un peu de plaisir à pédaler avant de nous confronter à cette côte, mais de tour du lac, point n’y en eut. Nous trouvons un taxi qui accepte de nous embarquer tous avec notre matériel. Lorsque je vois le véhicule, je me dis qu’on ne pourra pas rentrer dedans. Je m’attendais à un camion, j’ai devant moi un gros monospace…

C’est mal connaître notre chauffeur qui fait des miracles avec mon aide et tout rentre (nonobstant la sécurité des passagers en cas de pépin). Les au revoir sont brefs mais bien lacrymaux et nous voilà partis pour quelques kilomètres de taxi. Arrivés en haut, il suffit de tout décharger et de remettre les vélos dans l’ordre et dans l’axe. Cela prend un peu de temps tout de même. Et zou, nous descendons vers Վանաձոր (Vanadzor).

Montagne russe

Nous traversons la ville sans grand plaisir, beaucoup de circulation puis longeons les zones industrielles désaffectées ou non avant de redémarrer une nouvelle ascension, à vélo cette fois. Nous prenons d’abord les chemins et ce n’est pas simple. Mais cela nous évite de nous trouver dans le flot incessant des voitures, qui plus est en montée. Car en montée, nous roulons plus lentement, sommes plus à même de faire des écarts de direction avec nos lourds vélos et le régime moteur plus élevé des véhicules qui nous dépassent nous gratifie parfois d’un joli nuage odorant qui chatouille nos narines et réjouit nos poumons.

Nous aimerions arriver au bout de la côte mais ça ne va pas le faire. Estelle met en route son outil low-tech pour nous dégotter un endroit agréable pour dormir. La rencontre avec Arsen est d’une simplicité déconcertante, malgré la barrière de la langue, et nous voilà posés dans un pré à l’écart de la route avec même un abris pour nous asseoir et manger.

Tunnel du survivant

Au matin, nous reprenons la route et saluons la statue de Пушкин (Pouchkine) qui est passé par là lors de son exil dans le Caucase. Nous l’avions déjà rencontré au musée de Dilidjan en peinture. Le buste trône à l’entrée du tunnel que nous allons prendre. Nous nous préparons, lumières, gilets jaunes, écarteurs, bouchons d’oreilles et c’est parti.

Quel dépaysement ! Le tunnel n’a sans doute pas été trop entretenu depuis la chute de l’Union Soviétique. Extrêmement étroit, l’éclairage est limite ou plutôt inexistant, des trous béants dans la chaussée nous empêchent de nous serrer à droite. Un homme nous arrête en plein milieu, il travaille ici. Il nous gronde en nous disant certainement que nous devrions être sur le trottoir. On parle bien du trottoir impraticable de 20cm de large sur lequel on ne peut pas marcher, oui. Nous continuons avec notre méthode et parvenons à sortir vivants, ouf !

Il fait bien frisquet.

Nous retrouvons les arbres et dégringolons jusqu’à une station service / restaurant où nous prenons un long temps de pause pour nous réchauffer et manger une bonne soupe chaude.

Grand Canyon

Nous vallonnons jusqu’au magnifique canyon que nous pensons pouvoir traverser à pieds pour aller visiter la forteresse de Բերդ (Lori) qui se trouve en face. La carte nous annonce un escalier et un chemin.

Nous nous engageons sur l’échelle vertigineuse et pas tout à fait rassurante pour atteindre le fond du canyon et renonçons. Il est déjà trop tard pour tenter une expérience de mort imminente, mais la vue vaut le détour et l’échelle, tous les manèges à sensation des fêtes foraines en plastique et décibels.

C’est manifestement l’heure de pointe, rouler devient dangereux avec les automobilistes trop pressés de rentrer chez eux. Nous nous arrêtons dès que possible dans un grand pré.

Vieux cailloux

Le lendemain matin, nous faisons le grand détour par la route pour aller visiter les ruines de la belle forteresse. Enserrée par deux profonds canyons, elle est impressionnante. Puis nous retournons à Ստեփանավան (Stepanavan) pour notre traditionnel restaurant de fin d’Arménie. Nous mangeons à côté d’une belle bibliothèque et le patron nous laisse partir avec un vieux livre qui contient des extraits de littérature française, parfait !

Nous roulons jusqu’à Տաշիր (Tachir) où nous posons la tente en bord d’étang. Demain nous quittons l’Arménie. Déjà.