Départ tardif, nous grimpons un peu avant de descendre longuement vers l’immense plaine agricole à la terre noire. Je pense à la Hongrie et à la plaine de Pannonie. Pour moi, cette plus petite plaine sera donc la Pannoniña.
Nous empruntons l’ancienne route qui mène à კასრისწყალი (Kasristskali), dernier village avant le parc national de Vashlovani. Le soleil se couche et nous ne pouvons pas atteindre le lieu où nous pensions planter la tente ce soir. Alors nous la plantons là, en bordure du chemin.
Nous atteignons Kasristskali le lendemain midi, faisons les courses dans la petite épicerie pour pouvoir passer plusieurs nuits dans le parc. À partir de maintenant, plus de commerces, nous devons être en autonomie complète. Nous pourrons peut-être compter sur des forages pour l’eau, mais ce n’est même pas sûr.
Nous nous écartons un peu du village pour planter la tente pour cette nuit.
À l’assaut du parc
C’est parti, nous avançons vers le parc. Nous imaginons pouvoir aller jusqu’à un poste de rangers, mais nous ne savons même pas si nos vélos pourrons rouler sur les chemins cahoteux aux dénivelés ambitieux. Après quelques kilomètres tranquillement vallonnés, nous faisons une pause face à la grande descente qui annonce le début de l’inconnu. À partir de maintenant, difficile de faire demi-tour pour revenir au village.
Nous plongeons. Et en bas, nous sommes face à un sacré bout de côte. C’est la première et elle n’y va pas de main morte. Nous poussons nos lourds vélos, seuls ou à deux. Les cailloux dans les chemins ne simplifient pas la chose. Le raidillon final est particulièrement difficile. Arrivés en haut, nous sommes sur un petit plateau et nous sommes déjà éprouvés. Nous prenons le repas et le temps de réfléchir. La prochaine côte n’est pas plus simple sur le papier et il y en a encore une après tout aussi difficile…
Choisir
Nous renonçons. Nous renonçons à poursuivre vers le parc. C’est trop dur. Les enfants ont juste envie de rester là. Et là, il n’y a rien. Mais vraiment. La végétation rare a été brûlée dernièrement, sans doute pour désherber les maigres robiniers et permettre à une pâture rêche de pousser pour de prochains troupeaux. Alors nous posons notre tente en haut de cette colline et admirons le paysage aride environnant.
Je trouve une source d’eau pas si loin que ça, cela nous permet de rester plusieurs nuits dans ce paysage désolé et attirant. D’un côté, le parc tant désiré, de l’autre, au loin, la chaîne du grand Caucase au crêtes blanchies, majestueux et magnétique.
Visite à l’ours
Nous délestons nos vélos et prenons la direction du canyon de l’ours. Tout de même, qu’on goûte au moins un peu à ce parc. Nous posons les vélos en cours de route, lorsque le chemin devient trop compliqué et poursuivons à pieds. Le paysage change petit à petit et nous émerveille. La végétation, la géologie, les reliefs, la faune, tout est particulier et résonne d’une vibration particulière. Ce n’est plus vraiment la saison des vipères, mais nous en voyons une belle qui a fini sa vie sous les roues d’une voiture il y a peu. Des lézards impressionnants scrutent notre passage. Un petit pic noir aux ailes liserées de blanc nous salue et vient voir de temps en temps si nous avançons bien. Les parois qui longent le canyon sont subjuguantes. Pas d’ours sur notre route aujourd’hui, mais nous voulons bien croire que l’on peut en croiser ici.
Ô temps suspends ton vol
Après une dernière nuit sur notre colline pelée, nous reprenons la direction du village. Mais l’idée est de poser la tente suffisamment loin pour profiter encore du calme tout en étant assez proche pour pouvoir se ravitailler. Nous aimons vraiment beaucoup cet endroit.
Installés au milieu des herbes, nous profitons de cet automne magnifique qui nous est donné de vivre avec cette vue splendide sur les montagnes au loin. Nous nous sentons simplement bien et avons grand plaisir à rester ici.
Le calme nous fait le plus grand bien.
Le ravitaillement au village se fait sans trop de difficultés. Lors d’un de mes passages au village, j’observe une fontaine qui est en cours de construction à côté de l’épicerie. Un cheval arrive, son cavalier, c’est le maçon qui vient finir son ouvrage. Nous sommes ailleurs.