Vulcan

Neige et charbon

Écrit par Estelle, Marc pour le .

Il est 6h45. Au moment de partir dans la nuit, nous avons la grande surprise de voir Silviu se lever et nous proposer de nous emmener en voiture jusqu’au bus. Heureusement car nous avions mal pensé les choses et nous l’aurions sans doute raté pensant qu’il passait plus proche !

Après le bus et le train, nous louons une voiture à Deva pour monter dans la montagne. L’hiver est déjà bien là et les enfants n’en peuvent plus. Nous ressentons aussi le besoin de nous arrêter.

À Vulcan nous furetons pour trouver un lieu où passer une partie de l’hiver. Nous sommes à la montagne, proche des stations et ici comme ailleurs les prix sont élevés pour nous.

Le temps que Marc retourne chercher le matériel dans des journées de fous, nous restons dans Vulcan. Puis nous trouvons une maison pour quelques jours, chez Liviu et sa femme. Cela nous permet de nous balader dans les bois, de trouver la neige, de jouer avec les chiens. Les enfants qui sont aux anges tant ces deux chiens là sont incroyables !

Puis nous nous dirigeons à vélo vers Lupeni pour être plus proche des pistes. Nous savons que nous ne resterons pas ici pour l’hiver car nous ne trouvons aucun logement rendant cela possible. Alors nous choisissons de profiter d’être si proche des sommets pour glisser nos pieds dans des skis. C’est une première pour Léon, Lucie et moi. Nous nous laissons une bonne semaine et nous reprendrons la route fin décembre, après Noël. Pour le moment on ne sait ni où ni comment !

Mine de rien

Vulcan, comme les communes autour, est une ville minière. Mines de charbon. Toute l’économie de la vallée a été bercée par l’extraction du charbon. Celle-ci a été réduite à peau de chagrin, non pas à cause de la raréfaction de la ressource mais par la volonté politique. Toute l’économie de la vallée a donc été bouleversée assez rapidement. C’est maintenant la station de ski toute proche qui tire le PIB de la vallée vers le haut.

Cela donne aux villes un visage étrange, Janus urbain, entre immeubles délabrés et cabanes restaurées pour touristes fortunés, entre population locale modeste et SUV flambant neufs parcourant crânement les rues, entre bars lounge branchés et marchés de petits producteurs aux tarifs défiant toute concurrence. Cette vallée est attachante. Elle est également riche en histoire puisque derrière la station de ski se trouve l’ancienne frontière du Royaume de Hongrie et de la Roumanie (vous vous souvenez ?).

Pour moi qui baigne depuis des années dans les considérations autour des limites planétaires, de l’évolution des climats ou encore de l’utilisation des énergies, je ne peux m’empêcher de penser à l’avenir de cette vallée. Le charbon continue d’être, au niveau mondial, le combustible le plus utilisé pour produire de l’électricité mais sa combustion est de loin la plus émettrice en gaz à effet de serre. Dans les discours au moins, elle n’a pas le vent en poupe. Plus il y a de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, plus l’effet de serre est important. Pas totalement sûr que la station de ski continue de tirer l’économie de la vallée dans un futur plus ou moins proche. Pas totalement sûr que relancer l’extraction de charbon soit une excellente idée. Charybde… Scylla…

Mon réflexe de citoyen, c’est de penser résilience locale. J’aurais envie de participer à la réflexion globale sur l’avenir de la vallée, sur comment choisir et favoriser des projets qui vont dans le sens d’une économie qui prend en considération les limites planétaires, des projets qui permettent de renforcer les solidarités, les réponses aux besoins essentiels des populations tout en offrant de l’activité aux habitants. Mettre de l’énergie sur ce qui va permettre de vivre au mieux les défis des années à venir. Je suis assez convaincu que pour éviter de se prendre trop fort le mur, nous devons emprunter ce chemin d’une réflexion collégiale et locale. Tout ça se prépare et demande beaucoup d’énergie et de temps.