Le retour du printemps

Reprendre la route après deux mois de pause.

Écrit par Marc pour le .

C’est aujourd’hui.

C’est aujourd’hui que nous reprenons la route.

Réveillés tôt, Estelle et moi tentons de rassembler les dernières affaires et de finir de préparer les sacoches et les vélos. Comme à notre habitude, nous avons procrastiné sur bien des sujets et n’avons pas pu tous les traiter. Alors nous plaisantons entre nous : “C’est vrai qu’on ne s’est pas arrêté longtemps, on a manqué de temps”.

Deux mois entiers que nous sommes dans cette ferme à Konstantinovo. La pause était parfaite pour nous. Nous avons été accueillis par Gail le 7 janvier. Gail n’habite plus ici mais à Varna, à 10 km de là. Elle et son mari ont bâti cette ferme d’autruches il y a quinze ans et ils ont besoin d’autre chose maintenant. Alors ils arrêtent petit à petit l’exploitation. Lui est actuellement à Londres où il travaille pour quelques temps. Nous ne le rencontrerons pas.

La ferme est à Konstantinovo, tout en haut du village, un peu à l’écart. Nous sommes donc très tranquilles mais à proximité d’un petit village où nous pouvons trouver à nous ravitailler et prendre un bus qui nous mène en plein centre de Varna en moins d’une demie-heure. Parfait pour nous.

Gail nous explique comment nous occuper des animaux. Nous sommes autonomes, nous sommes fiables, Gail a besoin de temps car elle suit une formation, elle est ravie de pouvoir compter sur nous. Elle ne viendra nous voir que de temps en temps. La combinaison convient à tout le monde et nous sommes bien contents de la voir à chaque fois.

Deux mois à la ferme

Durant ces deux mois, nous avons oscillé entre soleil radieux accompagné de températures quasi estivales et neige abondante avec l’eau qui gèle à l’intérieur. Il faut dire que les bâtiments ne sont pas vraiment prévus pour passer un hiver en tee-shirt. Une caravane sans chauffage pour dormir et une grande pièce de vie avec un poêle à bois. En fait c’est parfait pour nous. Un peu de confort, mais pas trop !

Et il y a les animaux, mais Lucie vous en a déjà parlé.

Nous avons eu grand plaisir à être ici, à rencontrer Gail, à découvrir Varna et ses environs.

Et puis il y a eu Annabelle et son fils Johann qui sont venus nous rendre visite ! Annabelle, c’est ma plus vieille amie. Nous étions ensemble à la crèche. Nous ne nous étions pas vus depuis un bon moment et nous avons eu le plaisir qu’elle vienne à Varna pour une grosse semaine de vacances. Se voir est toujours aussi bon.

Cette ferme nous a aussi permis de travailler tranquillement. Estelle a pu organiser ses séances de travail. Elle a désormais une clientèle internationale, nos rencontres ayant permis de faire connaître son travail en Italie, en Slovénie, en Hongrie ou en Roumanie. Quant à moi, j’ai quelques audits d’accessibilité numérique à réaliser et ça tombe au bon moment.

Le départ

Il est tard et nous ne sommes toujours pas partis. Et encore, nous aurions dû manger le repas du midi avant de partir, mais nous avons juste grignoté quelque chose rapidement histoire d’éviter de salir la cuisine que l’on vient de nettoyer.

Nous laissons derrière nous beaucoup trop de bazar à ranger et nettoyer à mon goût mais Gail nous invite à y aller, à ne pas s’en soucier. Nous laissons aussi derrière nous l’ancien vélo d’Estelle. Nous avons acheté des nouveaux vélos à Estelle et Léon. Le vieux vélo que ma mère avait acheté dans les années 90 est encore bien vaillant, mais lui faire porter autant de bagage le pousse dans ses retranchements et ce n’est clairement pas une bonne idée.

Nous aurions bien aimé le renvoyer chez nous. J’ai tenté le coup, très fortement aidé par le vendeur du magasin de vélo, mais ça n’a pas fonctionné. C’est drôle, mais ça nous fait quelque chose de le laisser là.

Le départ pour de vrai cette fois

Alors nous prenons nos montures surchargées. Et nous les poussons ! Car nous empruntons les chemins pleins d’ornières et qui commencent par grimper. Nous n’avons aucune envie de retrouver la route qui nous a tant effrayés !

Les chemins sont difficiles, mais le paysage est magnifique et nous goûtons le silence. Il faut pousser fort, mais nous préférons nettement ça au bruit incessant des voitures. Il nous faut pourtant emprunter un bout de route. Nous nous échappons dès que nous le pouvons et retrouvons les chemins sableux et pleins d’ornières. Nous avançons doucement et nous sentons nos bras et nos épaules douloureux, ils n’ont plus l’habitude de pousser autant de poids.

Soleil couchant

Nous sommes bien, nous retrouvons la joie du chemin, les chansons qui viennent à la bouche, les pauses, les casse-croûtes… Je commence à m’inquiéter, le soleil est bien bas et nous ne sommes pas du tout là où nous avions pensé arriver. C’est pile à ce moment que nous rencontrons Albena et Nadia. Where do you come from? Where do you sleep? You don’t know? Come to my home! (D’où venez-vous ? Où dormez-vous ? Vous ne savez pas ? Venez à la maison !).

Déconcertant d’évidence. Notre voyage en Bulgarie commence enfin. Enfin nous pouvons goûter à ces rencontres impromptues que nous aimons déjà. Albena n’a presque pas dormi. Hier, elle a organisé une grande fête pour la journée internationale des droits des femmes, elle a dansé toute la nuit et elle a un grand sourire, elle nous invite à manger, a dormir dans un lit et nous passons une soirée délicieuse avec elle et sa voisine Nadia. Une reprise tout en douceur.