Rustavi

En coup de vent

Écrit par Marc pour le .

Nous quittons ბოლნისი (Bolnisi), sa rivière et ses habitants si attentifs. Plus nous avançons, plus la route devient passante. Cela devient même de plus en plus difficile de rouleur sereinement. Nous sommes soulagés lorsque nous quittons cette route pour aller visiter le monastère fortifié de ცურტავი (Tsurtavi).

Rentrer dans ce lieu nous apaise instantanément. Il règne ici un calme propice au recueillement. Léon voudrait que nous y posions la tente. Ce n’est pas le programme.

Mais nous sommes ravis de retrouver les chemins sans voitures qui nous permettent d’éviter l’itinéraire principal. Le chemin rejoint une route calme, qui rejoint une route moins calme et en travaux, qui rejoint une route pas du tout calme et nous fait traverser la ville de მარნეული (Marnueli).

Quelle traversée désagréable !

Lucie craque. C’est ce qui se passe dès que nous passons du temps dans la circulation. Le stress accumulé, les sens saturés, se traduisent en pleurs tels une soupape de cocotte minute. Rien à faire que d’attendre un peu et la pression baisse.

Au calme

La ville enfin traversée, nous empruntons une route secondaire pour aller vers რუსთავი (Rustavi). La route est déserte, quel soulagement. D’un coup, le paysage change radicalement. Des collines d’herbe et de sable et du rien d’autre à perte de vue.

La tente est posée, enfin. Ce soir c’est spaghettis à la sauce tomate et au fromage, un plat rare pour nous qui fait toujours du bien au moral. L’étape a été bien rude.

Si la route n’est pas empruntée, c’est qu’elle est en très mauvais état. Elle est asphaltée mais les nids de poules sont plutôt des bauges d’ours géants. Les rares voitures tentent de les éviter en serpentant ou roulent carrément dans les prés à côté, à même la terre.

Pour nous, c’est royal. Nous faufilant facilement entre les gigantesques trous, nous roulons tranquillement en saluant les bergers, montés sur chevaux ou à pieds, qui surveillent leurs troupeaux.

Léon s’arrête brutalement, il voit un oiseau au sol en mauvais état. L’alouette est encore en vie et elle gît sur la route. Impossible de la laisser là. Les enfants vont préparer un petit abris dans un buisson épineux pour éviter qu’elle se fasse attaquer par les chiens ou les chats et l’y déposent délicatement. Peut-être aura-t-elle la possibilité de se remettre, difficile de faire plus.

Fous du volant

Nous arrivons à la fin de cette route et en rejoignons une plus grosse, bien plus passante. Elle contourne les montagnes pour nous mener à Rustavi, notre destination du jour.

La route monte tranquillement, mais il s’agit de la route la plus dangereuse que nous avons pratiquée depuis le début de notre voyage. Peut-être exæquo avec le pont de Varna et l’itinéraire vers Konstantinovo... Pas de bas-côté, de très nombreux poids lourds qui foncent et ne freinent pas, ne se décalent pas et nous frôlent sans penser que nous pouvons faire des écarts avec nos lourds vélos. Nous finissons par en descendre et marchons à côté dans l’herbe. Quelle épreuve.

À la première occasion, nous prenons un chemin très peu praticable car en pente très raide mais qui nous permet de nous échapper. Nous devons retenir les vélos à trois pour descendre ce chemin glissant ! Puis nous plongeons dans la ville avec de toutes petites rues, tout mais pas cette route.

Rustavi

Arrivés au centre de Rustavi, une piste cyclable nous est proposée qui nous réjouit plus que de raison. Quel soulagement.

Direction la piscine municipale. Les enfants sont ravis de pouvoir nager et tout le monde peut prendre une douche chaude. Cela nous fait du bien à tous.

Une petite visite dans le centre-ville historique et nous allons poser la tente en bord de rivière à l’écart de la ville sans en être trop éloignés. Le vent va se lever et être très fort pendant plusieurs jours. Impossible de pédaler avec des rafales à 70km/h, alors nous prévoyons de rester ici. Nous trouvons un endroit à distance des arbres, face aux falaises longeant la rive opposée de la rivière. Les cormorans nous saluent en passant, le coucher de soleil nous régale. Parfait.

Nous démontons le camp tous les matins pour le remonter le soir au même endroit. Nous profitons de ces quelques nuits pour visiter cette grande ville, faire quelques achats, chouchouter nos papilles et travailler un peu.

La vieille ville est calme et cossue, de l’autre côté de la rivière, au nord, les quartiers plus récents fourmillent et débordent de commerces. Entre les deux une longue artère droite bordée de la fameuse piste cyclable citée plus haut. Plus au sud, une immense zone industrielle.


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